Partie II la suite....
De nos jours, ce réseau est complètement fragmenté. Les eaux remontent depuis le monde intraterrestre et y retournent à travers quatre ouvertures seulement. Selon votre cartographie, ces endroits sont situés dans le triangle Tokyo - Shangaï - Vladivostok dans la mer du Japon ; le triangle Sydney - Melbourne - Nouvelle Zélande dans la mer de Tasmanie ; le triangle Malvines - Rio Gallegos - Viedma dans la mer argentine, et enfin le triangle Bermudes - San Juan de Puerto Rico - Bahamas dans l'océan Atlantique.
L'évacuation de la population se déroula par étapes. Ceux qui vivaient dans les anneaux intérieurs furent les premiers à être déplacés vers les anneaux périphériques, afin de ne pas leur faire courir le risque d’avoir à traverser une zone contaminée. Pendant ce temps, des efforts désespérés se poursuivaient pour trouver une solution. Nous ne savions cependant que faire car nous devions désormais nous fonder uniquement sur nos propres connaissances, sans l'aide des cerveaux artificiels. Ces cerveaux technologiques étaient si sophistiqués qu’ils arrivèrent à nous réconforter quand notre système psychique commença à souffrir de la situation devenue critique.
Nous étions habitués à utiliser de la matière recyclable comme source d'énergie et, finalement, nous avons dû faire face à une réalité inattendue. Nous n'avions plus les moyens d'utiliser les formes naturelles et primitives d'énergie
Quelle eût été en effet l'utilité de revenir à ces sources primitives, puisque nous n'avions plus les dispositifs adéquats fonctionnant avec ce type de combustible ? Vous pouvez comprendre cela en imaginant que l'on vous dise aujourd'hui de revenir à l'utilisation des bateaux à vapeur. Vous pourriez produire de la vapeur mais... où trouver les bateaux ?
Ce fut alors qu'éclata la crise. Cette société en apparence parfaite, super-développée, n'était en réalité rien d'autre qu'un parasite installé sur un gigantesque animal technologique. Si ce dernier mourait, qu'allait-il en rester ?
Même nos capacités à donner des ordres étaient altérées. Car il était devenu difficile de penser par nous-mêmes ! La décadence survint rapidement. Beaucoup choisirent de rester dans les villes, défiant le niveau croissant de radiation. Très vite, leurs organismes furent altérés. Ils souffrirent de déformation osseuse, devinrent aveugles suite à des cataractes du cristallin, et finirent par mourir faute de coordination motrice suffisante.
Certains s'enfuirent dans la jungle, dont nous ne nous étions jamais approchés auparavant. Ils affrontèrent des animaux inconnus, car nos ceintures de population étaient protégées par des zones de désert absolu. Ils burent l'eau des ruisseaux, et beaucoup périrent car ils avaient perdu le code génétique permettant d'assimiler l'eau pure.
D'autres moururent en s'alimentant. Nous avions perdu presque toute la capacité d'adaptation au milieu ambiant terrestre. Certains constituèrent de petits groupes pour tenter de survivre ensemble à ce qui les attendait.
Des pilules maintenaient l'équilibre neutronique indispensable à leur organisme, et c'est seulement grâce à elles qu'ils purent s'assurer que l'eau et la nourriture ne se transforment pas en ennemies.
Le périple fut très dur. Notre hyper-spécialisation nous avait rendus invalides. Toutefois, nous restions en vie, en dépit de l'avertissement du dernier philosophe : « La mort existe toujours ».
L’une de nos perspectives de survie consistait à atteindre les sources marines dont la force était l'Ono-Zone, puis l'intérieur de la Terre Creuse, où nous avions l'espoir de ne pas subir les ravages de la contamination radioactive. Mais comment y parvenir ?
Nota : Ono-Zone = mot du langage cosmique Irdin signifiant "état d’harmonie inaltérable". C’est l’énergie essentielle issue de l’activité de la Conscience universelle à travers le Cosmos.
Nous errâmes dans la forêt... La vieillesse nous rattrapa et nous découvrîmes alors que notre existence pouvait rapidement devenir misérable. Dans le même temps, les radiations avaient atteint un niveau intolérable. Les survivants se pressaient vers le littoral océanique. D'énormes cataclysmes fragmentèrent la croûte terrestre en millions de morceaux, comme si une explosion gigantesque s'était abattue sur notre monde déjà dévasté. Toutefois, au milieu de cette conflagration, notre race continua à garder ses archétypes de fonctionnement.
Évitant que les individus dégénérés ne puissent procréer, nous arrivâmes à sélectionner quatre couples reproducteurs en laboratoire. Et malgré ces conditions défavorables, nous réussîmes à obtenir, à partir de trois d'entre eux, des enfants parfaits. Élevés dans la jungle, sans la connaissance des avantages dont avaient bénéficié leurs ancêtres, ces petits inaugurèrent une nouvelle société.
Comme nous, ils parlaient très peu. Depuis longtemps, nous avions abandonné le langage oral au profit des transmissions télépathiques, grâce à nos capteurs extra-cérébraux qui étaient gérés par le grand monstre technologique qui nous assistait. Après des années de cette assistance, il nous était très difficile de recommencer à parler, et certains n'y parvinrent jamais.
L’un des groupes coordinateurs assuma la tâche de relater ce qui était arrivé à ceux de la surface, dans le but de transmettre leur histoire aux nouveaux humains qui avaient déjà des enfants et amorçaient ainsi une nouvelle chaîne biologique à partir de la mutation du code génétique.
Ceci est l'histoire de la race de ceux qui vivent actuellement dans les profondeurs de la Terre, la race de ceux qui ont eu à endurer les pires tribulations, avant de renaître des cendres de leur civilisation. Elle pourrait servir de référence aux humains d'aujourd'hui, si ceux-ci souhaitent tirer parti de cette expérience vécue.
Au moment même où le monde de la surface s'écroulait sous le coup d'innombrables cataclysmes, notre civilisation commença à se régénérer, lentement mais sûrement. La Nouvelle Terre au centre de la planète nous offrait ses ressources, de la même façon que l'avait fait l'ancienne, mais avec une différence fondamentale : nous pouvions recommencer à zéro en l'absence de contamination. C'était notre « deuxième chance », celle dont avaient parlé nos philosophes par le passé. Ce fut alors que nous réalisâmes combien ces philosophes étaient importants. Ils en savaient beaucoup plus que n'importe quelle super-machine, et nous nous étions moqués d'eux ! (…)
La Nouvelle Terre, au centre de l’ancienne, nous offrit ses ressources.
Nous fîmes bon usage de cette deuxième chance en suivant fidèlement les principes hérités de nos ancêtres. Progressivement, avec l'avancée de notre science, le précepte selon lequel « l'énergie atomique est source de mort et ne doit jamais être utilisée. » commença à reprendre un sens pour nous. La redécouverte de l'atome dévoila le sens de ce commandement, qui nous incita à ne pas poursuivre ces recherches.
Cette fois, nous choisîmes de nous intéresser à la force magnétique, mais nous découvrîmes alors que les champs magnétiques d'une certaine intensité peuvent provoquer des altérations physiques sur les objets comme sur les personnes. Alors nous abandonnâmes également ce système pour en essayer d'autres, jusqu'à ce que nous choisissions l'énergie obtenue à partir de la captation de photons, l’Ono-Zone provenant des étoiles. Cette énergie nous parvient à partir de canaux ou trous inter-magnétiques. Sa connaissance et sa maîtrise nous ont permis de pénétrer des zones encore plus profondes de la planète, que nous avions toujours considérées comme obscures. Ainsi, nous avons pu construire de nouvelles villes et suspendre les restrictions établies sur le contrôle des naissances. Et notre race a continué de croître...
Certains parmi nous, encouragés par nos philosophes, sont partis à la recherche de la Terre originelle, berceau de notre race. Ils se sont dirigés vers les courants marins, ont traversé des terres gelées inconnues de nos ancêtres, conséquence du désastre écologique qu'ils avaient provoqué. Ils ont atteint le continent après avoir franchi de vastes étendues d'eau. Selon votre cartographie, ils sont passés par la terre Victoria, puis ont traversé la mer jusqu'à la Nouvelle-Zélande, et l'Australie. Ils ont franchi la Mélanésie pour arriver au Japon et sur la côte chinoise, entre Canton et Tien-Tsin.
De tous ceux qui s'en sont allés, peu sont revenus. Ils étaient émerveillés par la luminosité des journées, par le ciel bleu, la brise marine et la prodigalité de la végétation qui offrait ses fruits sans obligation de les cultiver ; ils l'étaient également par la quantité d'animaux sauvages.
Nos gouvernants décidèrent alors d'étudier le cycle géophysique de la surface extérieure, avec l'intention de vérifier sa qualité de vie. Les résultats furent magnifiques. Il s'avéra qu'aucun signe de l'éruption radioactive qui avait affecté nos ancêtres n'avait été enregistré depuis des milliers d'années. La nature, lentement mais inexorablement, avait éliminé tous les vestiges de contamination.
Ils furent alors des milliers à décider de quitter l'intérieur de la Terre. Comme cela s'était passé auparavant dans notre histoire, les dirigeants durent une fois de plus prendre une décision capitale. Ils interdirent à ceux qui n’étaient pas encore partis de quitter notre monde, redoutant de voir notre humanité revenir au point de dégénérescence que nous avions atteint lorsque nous vivions à la surface. Ils établirent une limite de temps pour le retour de ceux qui étaient déjà partis. Après cette période, ils ne seraient plus admis à nouveau au sein de la communauté, car ils auraient inévitablement acquis une nouvelle identité génétique.
L'unité de la race intraterrestre fut ainsi préservée. Ceux qui ne revinrent pas constituèrent les fondations de ce qui devint la race jaune basée en Chine, au Japon, sur la côte orientale de Mexico et dans l'extrême sud argentin. Avant cela, la Chine était peuplée d'hommes blancs et d'hommes noirs. La race jaune que nous connaissons aujourd'hui est d'origine intraterrestre.
Les échappées du monde souterrain se faisaient à partir de conduits naturels sous les mers, reliant le monde de la surface, le tout restant sous contrôle.
Les échappées du monde souterrain se faisaient à partir de conduits naturels sous les mers.
Nos premiers contacts avec l'extérieur révélèrent des faits intéressants, en plus de l'absence de radiations nocives. Nous apprîmes que l'espèce humaine n'avait pas disparu totalement de la surface de la Terre, mais que, à partir des mutations subies au cours du temps, les humains y vivaient dans une dimension légèrement différente de la nôtre et qu’ils avaient subi des changements radicaux dans leur aspect physique. En effet, nous n'avions pas rencontré de représentants de notre race d'origine, uniquement des Blancs et des Noirs vivant à l'état quasi animal avec un très faible degré d'intelligence.
Nous avons pu vérifier également que la source permanente d'eau destinée aux anneaux intérieurs était restée intacte. Nous faisons allusion à ce que vous appelez le lac Baïkal, en Sibérie. Aux alentours, nous avons trouvé quelques colonies d'animaux, présentant pratiquement les mêmes caractéristiques que celles attribuées par la tradition aux animaux vivant du temps de nos ancêtres à la surface.
À présent que la lente évolution a doté d'une bonne intelligence les êtres humains de la surface de la Terre, ceux-ci se précipitent dans ce même piège qui avait abouti à la destruction de la race primordiale. Le premier pas dans cette direction néfaste a été la fabrication de la bombe atomique. Cet objet dont le danger est énorme, sert à établir des gouvernements de terreur, conduisant inexorablement le monde vers un désastre total. Ce désastre pourrait nous toucher aussi car il est impossible de savoir quel sommet pourrait atteindre un conflit impliquant l'arme nucléaire.
Nous n'allons pas permettre que ceci se produise. C'est pourquoi nous avertissons de ce danger le monde de la surface, à travers ses pays les plus représentatifs. Nous voulons que se constitue un comité international contre l'utilisation de l'arme nucléaire. En échange, nous sommes disposés à révéler le secret de l'énergie magnétique. »
Reçu par José Triguerinho
Extrait de "Miz Tli Tlan - un monde qui s’éveille"
Ed. Vesica Piscis (2006)