Le Symbole de la Croix par Daniel Meurois

Petit extrait du séminaire de Nantes "Enseignement de la Colombe" de Daniel Meurois-Givaudan :

L'horizontalité et la verticalité
"Je crois qu'il nous faut véritablement redéfinir ce qu'est l'horizontalité et la verticalité, c'est-à-dire ce qu'est l'Esprit et ce qu'est la Matière. On nous a toujours enseigné dans notre monde que c'était deux forces contraires, et, personnellement, par ma propre expérience, je vous assure que rien de tout cela n'est exact. Je crois qu'il n'y a qu'une seule Force dans l'Univers, une Force qu'on appelle la Vie et qui est identifiable avec ce que nous appelons Dieu. Cette Force s'étend dans toutes les directions. De sa manifestation la plus dense à la plus subtile, elle est Une. C'est un peu comme la lumière qui est décomposée par le prisme : à la source, il y a une lumière blanche mais si on la fait passer à travers un prisme, on obtient toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. On pourrait alors dire que la couleur la plus à droite correspondrait à la matérialité, à la densité, et la couleur la plus à gauche correspondrait à la subtilité. Analogiquement, ça pourrait être ça, mais en réalité, c'est une seule et même chose qui se décompose selon un certain nombre de plans vibratoires.

Par exemple, lorsque je fais des expériences hors de mon corps physique, l'univers que je trouve est extrêment tangible, dense. Lorsque je me projete de l'autre côté du voile de la Vie, tout ce que j'y trouve est aussi solide que dans notre réalité matérielle. De l'autre côté, c'est toujours de la matière mais à un autre niveau vibratoire, tout simplement. C'est dans ce sens-là que parlait le Christ il y a 2000 ans. Voyez-vous, on a tronqué Son enseignement... Lorsqu'on lui fait dire par exemple : "Mon Royaume n'est pas de ce monde", eh bien on a supprimé la suite car il disait : "Mon Royaume n'est pas de ce monde mais il s'appuie sur ce monde." Cela veut donc dire que le monde de la Matière n'est pas coupé, c'est un tremplin permettant l'avance vers une autre réalité.

Personnellement, ce que je trouve terrible dans toutes les Eglises, c'est qu'elles sont des constructions humaines qui ont censuré l'essentiel de l'enseignement de ceux dont on dit qu'ils en sont les fondateurs. Cela est dramatique parce qu'il y a véritablement, derrière cette censure, un appauvrissement incroyable et, au fil des siècles, une déformation de la pensée. C'est tout cela qu'il faut aujourd'hui essayer de débroussailler pour retrouver, autant que cela peut se faire, l'essence des enseignements des grands Maîtres qui se sont réalisés sur cette Terre, parce seule cette essence-là, au-delà des dogmes, est capable de réveiller en nous une plus grande ouverture de la conscience et d'élargir les horizons autant que cela se peut. C'est dans cette direction-là qu'on va essayer d'avancer.

Personnellement, ma sensibilité est surtout une sensibilité, je ne dirais plus chrétienne mais christique - car c'est plus vaste et qu'elle va plutôt dans cette direction-là puisque celle-ci correspond à mon expérience personnelle. Or, une des premières choses qui me saute aux yeux, c'est que lorsqu'on réfléchit par exemple au symbole de la croix, dans les religions chrétiennes, on nous le présente comme le symbole du supplice sur lequel on a crucifié le Maître Jésus. Cela est une construction dogmatique, intellectuelle, qui s'est faite au fil des siècles, mais elle ne correspond pas à la pensée du Christ. Le Christ, contrairement à ce qui nous est enseigné par le catholicisme ou le protestantisme, n'est pas un être qui a mit l'accent sur la souffrance, sur le repentir, sur la flagellation, etc...

La véritable croix, celle qui s'est développée quelques décennies après le passage du Christ sur Terre, est une croix à quatre branches qui symbolise la rencontre entre les préoccupations d'ordre vertical et les préoccupations d'ordre horizontal, avec ce point de fusion des deux lignes : le coeur. Or, pendant deux millénaires, on a plutôt mis en évidence la croix déséquilibrée qui est devenue le symbole de la torture et là, premier contresens, et toute notre société est partie tête baissée dans la direction de ce contresens.

C'est donc dans cet état d'esprit qu'on va essayer d'avancer, dans un juste équilibre entre les forces verticales et les forces horizontales.
Les forces verticales, on les a systématiquement associées depuis deux mille ans aux forces masculines, patriarcales. Dans notre tradition chrétienne occidentale, ceux qui sont en position d'autorité, ce sont les hommes (les patriarches, les prêtres). Les femmes n'ont droit qu'à une place secondaire, subalterne. Donc on a associé les hommes, les "mâles", à l'élément énergétique par lequel il fallait forcément passer pour accéder à une ouverture de conscience et, plus tard, à un état de vie éternelle.

Et le côté féminin a été, par voie de conséquence, associé à un état horizontal au sens restrictif et négatif du terme, c'est-à-dire tout ce qui détourne de la spiritualité et qui rattache à la matière... d'ailleurs il y a cette fameuse question qui a surgie à un moment donné dans notre civilisation : "Est-ce que les femmes ont une âme ?" C'était quasiment devenu un gag !

Quand on se tourne vers l'enseignement du Christ il y a deux mille ans et d'après les propres souvenirs très précis que j'en rapporte, il est évident que cet élément de verticalité masculin n'avait pas de place en soi dans l'enseignement du Maître Jésus, et c'est en ce sens-là que son enseignement a été totalement révolutionnaire à son époque. On se trouvait évidemment dans la civilisation juive de la Palestine de ces temps-là, qui était une société extrêmement patriarcale, bien plus qu'on ne peut se l'imaginer aujourd'hui. Une femme n'avait quasiment pas de statut social. D'abord elle n'avait strictement aucune valeur au niveau légal, sa parole ne comptait pas, donc on ne la faisait jamais témoigner en justice quand il y avait des problèmes. Au niveau des héritages dans la famille, elle ne comptait pas. Elle n'avait pas le droit de s'asseoir quand il y avait un repas de famille, elle était vouée uniquement au service, etc... etc...

La femme de ces temps-là n'avait donc pas de statut social qui lui donne une place digne dans la société, elle était forcément reléguée au second plan... mais lorsque le Maître Jésus est venu avec Son enseignement, il a cherché à balayer tout cela. Cela a d'ailleurs créé du remous parce qu'évidemment, dans cette société hyper-partiarcale, quand il a commencé à faire venir à lui la force énergétiquement ou symboliquement associée à l'horizontalité, c'est-à-dire les femmes, cela a créé un gros scandale. Bien entendu, une chose que l'Eglise officielle a gommé dans la transmission de son enseignement, c'est la place excessivement importante que le Maître Jésus accordait aux femmes et à tout ce qui se rattache à l'énergie dite horizontale, au sens noble du terme. Ils ont gommé cela parce que c'était par trop dérangeant et ils voulaient préserver l'aspect patriarcal, masculin, mâle, de la verticalité. Pour eux, ce qui est lié à l'horizontal, à la matière, à la féminité, est sale. Tout ce qui est tentation chez les hommes et venant des femmes est dangereux et doit être rejeté, et la seule voie juste de l'esprit, c'est la voie masculine, la voie soit-disant ascensionnelle par les prêtres. Et là, on tombe dans un contresens terrible parce qu'on entretient exactement l'inverse de ce que, d'une part, tous les Maîtres de Sagesse ont toujours voulu, et de ce que le Christ a particulièrement cherché à enseigner.

On entretient la dualité, c'est-à-dire le fossé ! Comment voulez-vous que l'on parle de paix et d'unité de conscience quand à l'intérieur d'un dogme et d'une position dans le monde de la "spiritualité", on tranche comme ça, on ferme des portes ? C'est absolument impossible, on part sur un contresens.

Alors que la croix, c'est plutôt cela : un point de rencontre entre ce qu'on appelle le "matériel" et le "spirituel"... Je dis "qu'on appelle" parce que, plus on va avancer dans toute cette réflexion, plus on va se rendre compte que, finalement, on se laisse abuser par les mots quand on dit "matériel" et "spirituel". Je crois qu'il y a une façon de tout vivre et qui peut être totalement spirituelle. En fait, notre tache en tant qu'êtres humains, si on veut développer notre conscience, c'est peut-être d'apprendre à matérialiser l'esprit et à spiritualiser la matière. C'est dans cette direction-là que j'aimerai qu'on commence à explorer véritablement, d'une façon différente, la Vie et une réflexion sur la Vie.

En développant encore cette notion de la rencontre sur la croix de la verticalité et de l'horizontalité, qu'est-ce qui se passe analogiquement dans notre monde ?

L'élément Eau, on le sait, est une force qui se développe à l'horizontalité. Tous les liquides et l'eau en particulier sont associés à l'élément Féminin. Cela va de soi dans la symbolique en général.

L'élément Masculin : la force masculine est plus associée à l'élément Feu, qui est un peu plus martial, guerrier. Que fait le feu ? Il monte !

Si on fait se rencontrer le feu et l'eau, qu'est-ce qui se passe ? L'eau se met en ébullition et le feu trouve son utilité à travers cela, mais il se passe aussi qu'on obtient de la vapeur d'eau, c'est-à-dire on obtient une sorte de quintessence de la matière. Cette vapeur est quelque chose d'extrêmement subtil... et ce qui nous est demandé justement, toujours analogiquement, c'est de faire se rencontrer en nous l'eau et le feu, c'est-à-dire notre féminin et notre masculin, et de cette rencontre va jaillir, au centre de la croix, donc au niveau du coeur, un élément dynamisateur, un élément ascensionnel.

Je crois que lorsqu'on essaie toujours d'explorer le monde des analogies, on peut aller très très loin ! Ce qui se passe dans l'Univers au niveau des lois de la physique toute simple, c'est toujours, analogiquement, ce qui se passe aussi au niveau de notre conscience et au niveau de notre corps. Il y a toujours des points de comparaison qui sont absolument fantastiques.

Par rapport à cette rencontre au centre de la croix de deux forces contraires, vous savez peut-être que dans les très vieux rites de l'Hindouisme, du temps où les Vedas (textes fondamentaux de l'Hindouisme) sont nés, il y a près de dix mille ans, il y avait une tradition, une pratique rituellique où les prêtres faisaient se rencontrer deux morceaux de bois pour former une croix sur le sol, et par certaines pratiques incantatoires et énergétiques, le but du rituel consistait à faire jaillir une flamme au centre, au point de rencontre des deux branches. Ils appelaient cette flamme Agni, d'où est venu le terme latin Ignis qui est le feu. C'est le même mot qui est passé d'une tradition à l'autre. C'est la même racine indo-européenne, évidemment.

Mais Agni, c'est aussi l'agneau. Alors quand on sait par exemple que le Christ s'est présenté comme étant l'agneau, ça donne à réfléchir tout cela : l'agneau qui est au centre de la croix, mais aussi le feu qui jaillit au centre de la croix. Cela nous ramène même, symboliquement, à cette fameuse inscription qui a été clouée sur le gibet du Christ : I.N.R.I.
Dans l'Eglise on nous dit que cela signifie Jésus de Nazareth, Roi des Juifs (Iesus Nazarenus Rex Iudæorum)...
Mais on peut lire ça complètement autrement. En vérité, c'est une inscription qui a été figée dans notre conscience collective par des regroupements d'alchimistes qui ont essayé de nous faire comprendre que du centre de la croix nait la quintessence, l'élément énergétique ascensionnel pour notre conscience. Et les alchimistes traduisent ce I.N.R.I. par la façon suivante : Igne Natura Renovatur Integra... Le feu rénove la nature toute entière.

C'est-à-dire qu'il faut un élément de calcination car celle-ci est la rencontre de la conscience et de la matière, c'est la rencontre entre le vertical et l'horizontal, c'est le fait de se confronter à la fois aux obstacles de la matérialité, mais aussi de permettre à la matérialité d'inviter en elle l'élément subtil, ascensionnel, spirituel. L'esprit pénètre la matière mais la matière invite l'esprit à se densifier, et de leur rencontre naît une sorte de bouillonnement qui est indispensable à la maturation de l'âme et de la conscience.

C'est tout cela le symbole de la croix. C'est ce que dans la religion chrétienne on nomme le Sacré-Coeur ou la Rose-Croix. C'est la friction de ces deux énergies - que l'on dit contraires mais qui sont en fait totalement complémentaires - pour propulser l'être vers une réalité supérieure. Voyez-vous, là, on est très très loin de l'aspect souffrance du Christ, de l'esprit dogmatique par lequel on nous disait qu'il fallait sans cesse expier, expier...

Personnellement, d'après les souvenirs que je garde de l'époque du Christ et qui sont encore très présents en moi, je peux vous dire que l'enseignement du Maître Jésus était un enseignement qui, d'une part, était extrêmement ancré dans la matière, mais c'était aussi et surtout un enseignement extraordinairement joyeux. Ce n'était pas un être qui se posait là devant nous de façon hiératique avec des discours sentencieux. Dans certains films ou dans notre imaginaire, on le représente toujours comme un bel être dans une robe bien blanche, bien propre, bien repassée, les cheveux bien peignés, et puis très docte, avec les disciples assis sagement tout autour qui écoutent, puis quand Il a parlé, on s'en va avec lui le suivre sur les chemins, tout est merveilleux, merci mon Dieu ! etc... Et de là ressort une religion où l'on nous dit : "Tu dois faire ceci et tu ne dois pas faire cela, c'est pas drôle mais c'est que tu dois faire." ???

Je peux vous affirmer que ça ne se passait vraiment pas du tout comme cela, il n'y avait rien de pétrifié, rien de rigide. On avait évidemment la sensation d'avoir un Maître en face de nous, quelqu'un qui avait une dimension incommensurable et, en même temps, un ami avec lequel on pouvait manger, sur l'épaule duquel on pouvait poser notre main, etc... On plaisantait ! Je l'ai déjà dit dans d'autres séminaires mais Jésus racontait lui-même des histoires drôles. Aujourd'hui, quelques fois, on raconte des histoires belges en France, ou en Belgique on racontre des histoires françaises. Eh bien, à l'époque, Lui racontait des histoires romaines ! C'est bien normal !

Si je dis cela, ça peut vous paraître anodin, mais c'est tout simplement pour essayer de vous faire comprendre qu'on avait affaire à un être pleinement incarné qui n'enseignait rien de rigide et qui voulait absolument, contrairement à ce qu'on nous a dit, nous faire toucher la beauté, la noblesse, du monde qui est le nôtre, il voulait nous apprendre à y sentir la présence de l'Esprit. Il ne nous enseignait pas à fuir ce monde-là mais à respirer sa divinité et à comprendre la beauté du tremplin qu'il représente. C'est cela qui était fondamental.

Alors, on a véritablement déformé sa Parole en en faisant une parole rigide, finalement sectaire, dans laquelle la femme a été exclue. Quand on regarde le rôle des femmes dans le Christianisme en général, on voit qu'elles n'ont pas beaucoup de place. Certes on reconnaît qu'il y a de très grandes saintes, mais en général, on n'accorde pas aux femmes ni à l'horizontalité, la place initiatrice, révélatrice des forces spirituelles, la place d'accueil également des forces de la verticalité.

Cet élément horizontal au sens le plus large du terme, au sens matériel du terme comme au sens féminin, est certainement, du moins à mon sens, ce qui a amené le Maître Jésus à être porté en croix il y a deux mille ans. Il y avait des éléments dogmatiques, évidemment, car certains enseignements du Maître Jésus étaient incompatibles avec la foi juive en vigueur de l'époque, mais surtout, la place qu'Il accordait aux femmes et à l'initiation au féminin est ce qui a dérangé le plus, et c'est justement ce qu'on a quasiment, systématiquement, gommé des enseignements qui sont parvenus jusqu'à nous.

Il y a, je crois, qu'une seule Ecole de Pensée qui a essayé de traduire cette place accordée au féminin et, d'une certaine façon, à l'horizontalité sur le plan énergétique ; c'est l'Ecole de la Gnose. Ce n'est pas une Ecole de Pensée qui est venue avec le Christianisme. Avant l'émergence de la pensée chrétienne, la Gnose constituait déjà un ensemble de connaissances provenant de la Nuit des Temps. Je dirais que la Gnose s'est "christiannisée" par la suite, avec la venue du Maître Jésus, et cette Ecole a été sans doute la seule qui a rendu possible l'existence de la femme en tant qu'énergie initiatrice et révélatrice. La Gnose accorde une importance à la sensibilité féminine, qui est associée avec l'élément "âme" et que l'on appelle Sophia dans la tradition gnostique. Le grand Livre de cette tradition se nomme le Pistis Sophia. .../... "

Pour en savoir plus, voir le CD "Enseignement de la Colombe" - Editions Le Passe Monde - Intus Solaris.

Le Symbole de la Croix par Daniel Meurois Appari11

Merci Régis.

Le Symbole de la Croix par Daniel Meurois 111835