Voici un très bon résumé de Daniel Meurois sur la vision gnostique à propos des principes féminin et masculin :
"Dans la Gnose, la femme est associée à l'Âme, à la sagesse (Sophia), qui s'est égarée dans le monde de la matière et que l'Esprit (Pneuma chez les Gnostiques) doit venir régénérer.
Dans le schéma de la Création qui nous est présenté dans la religion chrétienne, d'après la Bible classique, il y a la chute de l'homme et Eve naît d'une côte d'Adam. Donc, la femme, l'énergie féminine, est postérieure à l'énergie masculine. C'est en tout cas ce que les Eglises chrétiennes nous enseignent. Evidemment, aujourd'hui, on n'en est plus au point où on le croit au pied de la lettre, mais il y en a encore qui le font.
A notre niveau, on comprend facilement qu'il y a un symbôle derrière, mais pour les Gnostiques, ce n'était même pas cela. Pour eux, il n'y avait ni chûte ni d'Eve qui ait été créée de la côte d'Adam ! (hihihi) Pour eux, l'homme et la femme, en tant que principes énergétiques, sont créés en même temps, à partir d'un être androgyne (Anthropos en Grec) qui est masculin et féminin, c'est l'Homme parfait ! C'est l'Adam Kadmon chez les Kabbalistes.
Donc, chez les Gnostiques, la partie féminine est appelée Sophia (l'Âme) et la partie masculine est appelée Pneuma (l'Esprit). Et, toujours d'après la compréhension symbolique des Gnostiques, par ordre divin, par impulsion divine, la Sophia (l'âme et la sensibilité féminine) est projetée dans le monde de la matérialité pour se densifier, pour expérimenter la matérialité.
Et le rôle du Pneuma (l'Esprit et la sensibilité masculine) est d'aller rechercher, à un moment donné, la Sophia - l'Âme prise au jeu de la matérialité et qui s'est, quelque part, enrichie dans ce jeu - pour la ramener dans un contexte divin.
Alors, comment peut-on voir cela, non seulement sur un plan symbolique mais aussi sur un plan réel ?
L'âme ou sensibilité féminine qui vient dans la matérialité, c'est en fait toute la race humaine et toute la création dans son aspect densifié, qui expérimente la matière et, donc, qui se détache de sa réalité divine. De l'autre côté, ce sont tous les grands Maîtres de Sagesse, les Avatars, dont le Christ, qui, jouant le rôle du Pneuma, de l'Esprit, vont s'incarner pour aller extraire l'âme perdue dans la matière.
Donc, voyez-vous, on peut avoir l'impression que c'est le masculin qui vient à la rescousse du féminin, globalement parlant, mais en réalité, l'un est incapable de trouver sa finalité sans l'autre.
Dans la Sophia, il ne faut donc pas simplement voir les énergies féminines, il faut voir les énergies qui sont censées aller à l'horizontale, les énergies qui nous forcent à nous incarner, donc à nous confronter à la difficulté, et à générer un appel vers le haut, vers le Pneuma."