Environ 1.500 emails du bureau du dalaï-lama ont été
dérobés.
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Des pirates ont dérobé plus de 1.500 emails envoyés depuis le
bureau du dalaï-lama et des documents secrets du ministère indien de la
Défense. Des ordinateurs français ont servi de relai. Pékin nie toute
implication. La correspondance du dalaï-lama n'a plus de secret pour les pirates
chinois. Au terme d'une enquête de plusieurs mois, des chercheurs
canadiens et américains ont découvert que quelque 1.500 courriels
envoyés entre janvier et novembre 2009 depuis le bureau du chef
spirituel des Tibétains avaient été dérobés, dans le cadre d'un piratage
à grande échelle mené depuis la Chine. Des informations militaires
indiennes, sur les forces dépêchées aux frontières et les systèmes de
missiles, ont également été compromises, tout comme des documents sur le
déploiement des forces de l'Otan en Afghanistan. Dans un rapport
d'une soixantaine de pages, intitulé «Des Ombres dans les nuages», les chercheurs du
Centre Munk d'études internationales de Toronto expliquent être parvenus
à suivre à les assaillants à la trace les assaillants, jusqu'à tomber
sur un espace de stockage où figuraient les fichiers confidentiels. Pour
prendre le contrôle des ordinateurs, les pirates auraient utilisé des
logiciels malveillants camouflés dans des documents Word et PDF, envoyés
en pièces-jointes d'emails. Les ordres transitaient par des services
tels que Yahoo Mail et Twitter, échappant à la vigilance des systèmes
antipiratage. Des ordinateurs auraient servi de relais en France et dans
35 autres pays. Selon les chercheurs, qui ont déjà mis au jour
l'an dernier un réseau fantôme ayant infiltré les contenus des
ordinateurs d'autorités gouvernementales et de particuliers dans 103
pays le réseau GhostNet , le groupe de hackers aurait agi depuis la
ville de Chengdu, capitale de la province du Sichuan. Les auteurs du
rapport n'établissent pas de lien direct avec les autorités chinoises
mais jugent plausible que l'assaut ait été mené avec l'autorisation
tacite du gouvernement. Le même scénario avait été évoqué lors de l'attaque menée fin 2009 contre Google et plusieurs grandes
entreprises américaines. Mardi, la Chine a une nouvelle fois exprimé sa
ferme opposition au piratage.