Voici un court extrait du livre "Ce clou que j'ai enfoncé", notamment ces paroles de Jean qui devraient pouvoir aider ceux et celles qui pensent que leurs malheurs est une fatalité ainsi que ceux et celles qui se sentent coupables de quelque chose qui les rongent de l'intérieur...
"C'est pour toi que je parle aussi, Nathan, de même que pour la multitude des hommes et des femmes que cette Terre portera...
Non, la fatalité n'existe pas en elle-même ! On la confond avec le Destin tandis qu'elle n'en est que le reflet appauvri et déformé. Ce qu'on appelle fatalité, c'est l'enfant maladif de notre libre-arbitre, le prétexte que nous invoquons lorsque, par faiblesse, nous optons pour la stagnation plutôt que de choisir une direction, aussi hasardeuse soit-elle.
La tiédeur n'est pas une vertu aux yeux de l'Eternel, voyez-vous ! Le Maître en parlait comme de l'argument des paralysés de la conscience...
Quant au Destin, eh bien, je crois désormais avoir compris qu'il ressemble à cette enfilade de peines et de joies, de rencontres et de séparations, terribles ou douces, entre les colonnes desquelles, avant notre venue en ce monde, nous avons résolu de passer nécessairement afin de nous "écarquiller" le coeur..."
Je me souviens avoir été bouleversé par ces paroles. Elles venaient réveiller en mon âme je ne sais quoi d'angoissant en même temps que de stimulant. Elles me donnèrent aussi la force de regarder enfin Jean dans la pénombre du rocher. Il avait les yeux fermés comme s'il se laissait guider du dedans.
- Peut-on échapper à son destin ? osai-je alors demander.
- Nul n'échappe aux êtres et aux événements qu'il a décidé ou accepté de placer sur sa route, Nathan. Notre liberté, ta liberté en ce monde, est de savoir ce que tu veux faire de ces rencontres : une lame appuyée sur ton coeur ou une chance d'avancer... Apprends à regarder et, sans t'apitoyer sur ta personne, reconnais ce qui a déjà changé, puis ce qui réclame au prolongement du changement en toi.
Quant à ta descendance, mon frère Judas, même si elle s'est déjà nourrie de ta souffrance, ne la crois pas enchaînée à celle-ci. Elle t'a choisi pour père avec tout ce que cela comporte. C'est cela, la complicité entre les âmes ! Elle est partout et se manifeste par tous les temps ! Maintenant que tu te redresses, il t'appartient seulement de lui donner une vraie couleur, un véritable parfum et une direction.
Pardonne-toi... Coupe les racines du malheur ! Décide-le aujourd'hui ! Ce n'est d'ailleurs pas une faute que tu as à te pardonner, mais une incompréhension, un oubli... Pardonne donc à l'Ignorance ; tu es le seul à pouvoir le faire. C'est le chemin du Pardon global que tu initieras ainsi pour la multitude des générations à venir. C'est cela ton Oeuvre ! Coupe ! Coupe !"
("Ce Clou que j'ai enfoncé" - Daniel Meurois-Givaudan - Editions Le Passe Monde)