Le Caducée d’Hermès
....Ce Caducée a toujours posé une énigme. Les Hindous le connaissaient bien avant l’ère chrétienne et, comme toute figure symbolique il trouve son origine à l’aube du monde.
Il est le plus souvent représenté par un bâton, autour duquel s’enroulent deux serpents, avec au sommet un globe ailé surmonté d’un croissant.
En fonction des époques, les auteurs lui ont attribué des interprétations aussi diverses qu’étranges.
Axe du monde pour les uns, arbre de la kundalini pour d’autres, Arbre de Vie kabbalistique.
Les explications souvent hasardeuses s’accordent tout de même à considérer qu’il représente un principe antagoniste mettant deux forces en présence.
La question qui vient tout de suite à l’esprit est de savoir pourquoi ce symbole fut attribué à Hermès.
Le bâton représente généralement le pouvoir, et celui qui le possède est maître dans l’art qui le désigne.
Les deux serpents s’entrelacent autour de l’axe du bâton pour devenir, par leurs entrelacs, tantôt positif, tantôt négatif.
Il faut savoir que, de l’union de ces forces, naît toujours une troisième qui est la conséquence des deux autres, c’est la création, donc la maîtrise du monde intérieur.
Si elles se combinent, c’est obligatoirement pour générer une manifestation.
Oswald Wirth a démontré que la septième lame du Tarot (le chariot) illustre la relation des contraires.
Cet arcane symbolise un char tiré par un sphinx amphisbène. Le conducteur du chariot doit parvenir à maîtriser la force qui pousse à droite et celle qui pousse à gauche, pour que son véhicule avance en droite ligne.
Ce jeu d’harmonie permet aux forces en présence d’obtenir une liaison dynamique.
C’est ce même principe que symbolise le Caducée.
De la sorte, Hermès nous indique que la révélation du Verbe ne peut passer que par l’équilibre des contraires, qui définit ainsi le principe de création.
Il ne peut s’affirmer, exister, que si les deux forces complémentaires issues de l’Un se rencontrent pour donner naissance à une troisième qui est la manifestation.
L’art de la création, la maîtrise du Verbe, trouve sa raison d’être dans la résultante de ces deux énergies qui s’équilibrent et s’harmonisent pour créer.
Le Maître du Verbe les connaît et sait les combiner pour exprimer sa nature divine. Il devient le thaumaturge qui dirige ces énergies majeures, et les utilise pour créer.
Il se place alors sur l’axe de la création (le bâton), cette ligne divine par laquelle passe le courant mâle et le courant femelle pour s’unir.
Nous retrouvons alors la trinité fondamentale : Amour, Lumière et Vie, à l’origine de tout ce qui est, c’est le mythe du pôle, l’axe invariable.
A l’origine de cet axe était le Paradis, le Jardin dans sa manifestation terrestre, c’était le lieu où se situait « l’Arbre de la Connaissance » du Bien et du Mal. A cause de sa Chute et de son rejet du Jardin, l’homme doit reconquérir cet état divin, il doit découvrir en lui l’Arbre sacré, l’Être intérieur.
Voici en fait l’axe de chaque humain : le pôle de la Connaissance.
L’axe c’est donc bien le Caducée, ce pôle que chacun doit retrouver en lui, l’Arbre vivant des Kabbalistes, la Parole perdue qui permet d’équilibrer les forces de la création, les énergies qui expriment le Dieu vivant en nous.
Il est la représentation de l’Axis mundi, qui doit de refléter au cœur de nous-mêmes, le point d’équilibre en soi, l’apanage du Maître, de celui qui a réussi à dominer le monde virtuel et qui, devenant le pôle, demeure pareil au moyeu de la roue qui actionne.
Car c’est de cet axe que se meut la création, c’est encore aux pôles que sont situés la Grande Ourse et la Petite Ourse dont l’expression visible est Arctus, Arcturus, l’ours, le Roi Arthur, élément central de la Quête du Graal.
Arthur nous montre la voie polaire de l’axe en soi, puisque c’est dans cette direction qu’il faut chercher le Sang du Christ qui n’est autre que le Verbe Solaire.
Le Caducée est le symbole du pouvoir de création, l’expression du Verbe dont Hermès est le représentant.
C’est l’instrument royal par lequel se définit la « voie artistique » du Thaumaturge.
L’emploi de ce terme peut surprendre dans la présentation d’un tel sujet car notre conception de l’art n’englobe pas toujours l’aspect spirituel.
Pourtant la thaumaturgie est artistique, lorsque l’Adepte parvient, par une concordance parfaite avec les rythmes divins, à agir dans le monde qui l’entoure.
Elle est l’acte du Créateur, manifesté dans le visible, le canal d’expression de l’Esprit dans la matière. Dès lors, le monde devient la scène sur laquelle l’Art Divin s’exprime par le Thaumaturge.
Celui-ci utilise la vision de l’âme qui transcende les sens , ce que les égyptiens tentaient d’enseigner par l’incarnation de la beauté dans le monde des formes....
Thot-Hermès - Les origines secrètes de l'humanité
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