Essania
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 Qu'as-tu fais de moi ?

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Régis
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Régis


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MessageSujet: Qu'as-tu fais de moi ?   Qu'as-tu fais de moi ? Icon_minitimeDim 10 Fév - 9:24

Une amie m'a envoyé par mail un texte d'un certain Khaled, intitulé "Qu'as-tu fais de moi ?" et j'ai trouvé cette histoire si magnifique qu'elle mérite d'être diffusée ici...

-« Ma femme m’a trompé et m’a quitté avec mon meilleur ami en emmenant nos deux enfants. Mon patron m’a licencié ce matin, en quittant mon bureau, dégoûté la fourrière avait enlevé ma voiture, c’est trop j’en peux plus ».

Il enjambe la barrière bleue qui le sépare du vide. A trente mètre plus bas un récif ou les vagues viennent se déchirer. Avec une sangle qu’il a accroché autour de son cou, pend lourdement sur sa poitrine, une grosse boite à outils, qu’il a trouvé sur un chantier à quelques mètres de là. Il veut être sûr de ne pas survivre.

C’est alors que prenant une profonde respiration pour lui donner du courage et commettre l’irréparable que l’Humour vint alors à sa rencontre et lui dit :

-« Mon ami que fais-tu ainsi accoutré, ce collier de tissu serti de fer ne te mets pas trop à ton avantage, peut-être que personne ne te l’a encore dit mais il alourdit ton teint ».

Le ton était léger, rieur, espiègle. Notre ami interloqué, se sentit un tantinet indigné qu’on lui fasse telle remarque alors qu’il était sur le point de se suicider !!!

A vrai dire vexé il répondit d’un ton assez grave et enrobé de reproche :

- « Si cela vous amuse de rire du malheur des autres ne vous gênez pas surtout, mais comme vous me voyez là, encore vivant, je vais tantôt trépasser ».

-« Oh vous pensiez très cher que je riais de votre malheur, mille excuse si quelconques de mes paroles aient pu vous le faire croire. En fait le malheur des autres ne m’intéresse le moins du monde, ni j’en rie, ni j’en pleure. Et puisque pour le moment vous êtes encore vivant, par politesse je vous faisais juste remarquer que vous aviez l’air ridicule avec votre parure en fonte. Tant qu’à mourir faite le avec classe !!!! Puis, si je puis me permettre, vous auriez pu choisir mort plus radicale et rapide, la noyade n’est point chose aisé… ».

Totalement désabusé par le peu de sérieux et de gravité qu’on lui concédait, alors qu’il était sur le point de mettre un terme à ses jours, il conspua :

-« N’avez-vous donc rien d’autre à faire que de vous moquez de moi !!!! »

-« Et vous très cher n’avez-vous donc rien d’autre à faire que de vous passer de moi ? Je peux rendre votre vie légère et amusante. Attendant chaque jour avec impatience sous quel accoutrement j’apparaîtrai à vous pour vous divertir. Car je ne vous quitterai jamais. Mais bon apparemment vous êtes occupé là, donc je vais prendre congé de vous, en vous souhaitant un bon suicide. Et gare à ne pas prendre froid, l’eau est très fraîche à cette heure ».

Et l’Humour partit comme elle était venue, comme une brise fraîche qui caresse le visage. Notre ami se demandait, à en oublier sa posture, comment pouvait-on rire ainsi d’une situation aussi grave que la sienne. A vrai dire il se sentait con sur le moment.

A ce sentiment, une certaine aigreur le prit à la gorge, et il lança l’air narquois :

-« Hé la Grande Faucheuse, bouges pas, j’arrive !!! ».

Alors qu’il se décidait à faire ce dernier geste qui l’enverrait au trépas, voici qu’apparu soudainement, dans une sorte de souffle glacé, une femme magnifique, belle, somptueuse, racée, toute vêtue de noir, un noir d’ébène comme ses yeux fins et perçant, faisant contraste avec sa peau blanche comme le lait. Elle le regarda avec un certain dédain, le toisa de haut en bas et de bas en haut. Elle ne dissimula pas un certain agacement et lui jeta un regard à la fois sévère et railleur en lui disant :

-« Il me veut quoi là, le sombre pourceau ? ».

Sa voix était impérieuse tout en restant très douce, autoritaire tout en étant mélodieuse. Il ne semblait n’y avoir aucune ambiguïté dans ses mots qui semblaient tranchants comme des rasoirs.

Le pauvre homme ne savait pas trop sur quel pied danser. Hésitant entre se laisser succomber à son charme et réagir à ses mots. Soudain un effroi l’envahit, un frisson lui parcouru tout le corps. Il balbutia :

-« Tu…tu….tu es la m… mort…. !!??!! ».

Encore plus agacée qu’à son « arrivée » celle-ci répondit sèchement :

-« Il est débile le monsieur là ou il a oublié de brancher son cerveau ce matin en prenant son café…. Encore un couard pas foutu de prendre des décisions dans sa vie et qui vient me faire chier prétextant tout les malheurs du monde…. Encore un sourd et aveugle en plus d’être demeuré qui croit qu’en venant vers moi il trouvera la délivrance à ses maux.. Tu m’as pris pour la mère Térésa l’abruti ??!!…. Tu crois que quitter ce corps mets une fin à la Vie…. Que tous tes problèmes vont s’envoler après ton dernier souffle…. Tu mériterais que je te prenne ici et maintenant… ».

Alors là le gars était abasourdi ; après que l’Humour vienne se moquer de lui sans vergogne ni retenue, voilà que la Mort lui parle comme à la dernière des merdes. Là ç’en est trop, son sang ne fit qu’un tour et il s’apprêta à invectiver son interlocutrice qui le calma instantanément avec un regard et une phrase que voici :

-« Prends garde malheureux, n’oublies pas à qui tu t’adresses…. »

Le regard dans les chaussettes, l’estomac noué et les genoux tremblotant, notre pauvre ami ne tint plus un mot et n’osa même plus la regarder en face.

-« Je m’en vais, tu es insignifiant et ne mérite même pas ma présence une seconde de plus, je ne veux pas de toi, ce n’est pas encore ton tour et de plus, tu n’as pas assez de courage pour faire quoi que ce soit. Si jamais tu prononces encore mon nom, je ne serais pas aussi tolérante ».

Le pauvre bougre se demandait ce qu’il pouvait bien se passer là, aurait il des hallucinations ? Il était certain du contraire. Il perd femme, enfants, travail et voiture !!!! Il est sur le point de se suicider…..L’Humour incarné est venu le voir ainsi que la Mort… La Mort elle-même… !!!! Que va-t-il bien lui arriver maintenant, qui va donc apparaître devant lui ? A peine finit-il sa phrase qu’une autre femme apparu devant lui. Sa beauté n’avait d’égal que sa Divine grâce. Chacun de ses gestes aussi infime soit il, était empreint de somptuosité, de volupté et de magie. Son cœur se serrait au moindre de ses mouvement, et il éclata en sanglot dès qu’elle prononça son premier mot :

-« Bonjour mon enfant, pour quel motif obscur souhaites-tu rejeter le présent que je t’ai un jour fait ? ».

Il lui fallut quelques minutes pour faire cesser le flot de ses larmes et pouvoir prononcer quelque syllabe.

-« Mais qui êtes vous ? ».

-« Tu me poses la question, ne sens-tu pas toutes les cellules de ton corps révérencieuses et reconnaissantes en ma présence, ton cœur qui pétille, contrairement à ton esprit trouble et confus. Je t’ai offert ton premier souffle et l’éternité. Un éventail de scénario illimité avec ton existence et la liberté de jouir de chacun de tes désirs et de tes souhaits. Je suis la Vie ».

Son souffle était court, les larmes redoublèrent d’intensité, son cœur battait la chamade à en sortir de sa poitrine. Impossible de prononcer un son, ou de la regarder en face.

-« Tu n’as rien à dire mon enfant, absolument rien. Ce que je t’ai offert, cette partie de moi est de toute éternité. Je suis venu te voir non pas pour te juger, tu fais ce que tu veux de moi. Je voulais juste voir le visage de l’enfant qui me rejette ».

Puis elle disparut. Encore une minute de plus et il allait se disloquer, se désintégrer sur place.

Il lui fallut quasiment une demi heure, pour reprendre ses esprits. Il était là, hagard, complètement paumé. Il sentait qu’on l’observait depuis quelques minutes déjà, mais n’avait ni la force, ni l’envie de prendre la peine de lever les yeux. Puis à quoi bon, après ses trois dernières visites et l’état dans lequel il se trouvait, il valait mieux ne pas lever les yeux et sauter directement dans le vide, là maintenant, tout de suite sans réfléchir !!!

Mais le sourire de l’Humour, le visage de la Mort et la beauté de la Vie l’en empêchèrent. Dépité il leva la tête, et là ce fut le comble des combles. En aucun cas il n’avait imaginé cette apparition là. Il était médusé, prit dix ans d’un coup comme le dit l’expression. Il fallait qu’il s’asseye, il décrocha la sangle autour de son coup. Lâcha la boite à outil de son torse qui alla s’éclater quelques dizaines de mètre plus bas et s’engloutit dans son cercueil d’eau et de sel.

Avec grande peine, tant ses forces l’abandonnaient, il enjamba la barrière bleue dans l’autre sens, et se posa sur les fesses, groggy, comme un boxeur qui après un uppercut dans la mâchoire se retrouve sonné, ne sachant même plus où il habite.

Depuis que son regard avait croisé le sien, depuis qu’il avait lu le profond désarroi, l’épouvante et l’immense déception dans ses yeux, il n’osait même plus lever la tête.

Là debout devant lui, la mine complètement décontenancée et déconfite se trouvait lui-même quand il avait sept ou huit ans. C’était lui-même enfant qui le regardait tellement épouvanté qu’il n’en pleurait même pas, tellement blessé et horrifié, avec la singulière et franche expression que peut avoir un enfant, qu’il ne pouvait sortir un son.

Notre pauvre bougre ressentait gêne et honte, de la culpabilité dans chaque cellule de son corps. Il ne pouvait supporter cette déception dans son propre regard d’enfant. Ce dernier en prenant une grande respiration et rassemblant toute ces forces pour parler, lui dit d’un ton profond, désabusé et meurtri :

-« Mais qu’a tu fais de moi ? ».

S’en fut trop pour notre suicidaire ami qui éclata d’un profond sanglot, il pleurait toutes les larmes de son cœur, chaque larmes qui coulait sur ses joues portées en elle une peine que l’on ne peut nommer mais seulement ressentir. Chaque respiration devenait insupportable. Il mettait ses mains sur son visage et quasi suffoquant dans un râle gémissant il disait :

-« Pardonnes moi, pardonnes moi, pardonnes moi ».

Mais l’enfant ne l’écoutait pas, comme si ce genre de propos ne pouvait atteindre son ouie. Son regard n’avait pas changé, encore moins l’expression terrorisé de son visage. Il répéta :

-« Mais qu’a tu fais de moi ? ».

Quelques longues minutes passèrent puis l’enfant éclata aussi en sanglot et finit par s’exprimer :

-« Mais qu’a tu fais de moi ? Qu’es tu devenu ? N’es tu pas devenu un aventurier où un chasseur de trésor ? Tu ressembles à un clochard comme on en croisait, tu te rappelles dans le jardin en bas de la maison !!! Ils ont les mêmes cernes et le même regard que toi… Tu te souviens que nous voulions voyager sans arrêt pour essayer de voir toutes les races différentes du monde, et s’acheter un bateau pour pas que ça coûte aussi cher que l’avion….Je ne veux pas devenir toi, tu n’es pas beau, tu a l’air triste et méchant. Pourquoi, pourquoi à tu fais ça de moi ??!!?? ».

L’enfant disparut en répétant encore une fois : « Mais qu’as-tu fait de moi ?!? ».

Notre ami était comme mort, totalement assommé et ravagé par toutes ces émotions qui l’ont assailli en moins d’une heure. L’histoire ne dit pas combien de temps il resta ainsi assis sur ses fesses, goguenard.

Il se redressa péniblement, pris un kleenex dans sa poche, s’essuya le visage comme pour retrouver un semblant de dignité. Pris une grande bouffée d’oxygène, et dit à voix haute, le regard déterminé, les yeux sertis d’un nouvel éclat :

-« Je te promet que je ne te laisserais pas devenir cela !!! ».

A peine sa phrase finit qu’il sentit une main se posée sur son épaule juste derrière lui. Une chaleur l’envahit au même moment. Instinctivement il su qui c’était, sans même avoir à se retourner.

Une voix lui chuchota amicalement à l’oreille, vient, suis moi faisons quelques pas…

Il se retourna et se vit lui-même, pas de grande différence, juste lui-même avec ce détail en plus, le regard, un regard pétillant et espiègle plein de joie de vivre. Son « double » tenait par la main l’enfant qu’il était, est et restera. A leurs côté marché en dansant autour d’eux, l’Humour, La Mort et la Vie.

Notre Ami n’est pas un spirituel, ni un religieux il n’avait point de connaissance au sujet du Soi Divin. Pour la bonne compréhension de l’histoire qui se déroule sous vos yeux, cette même histoire qui se déroule en vos cœurs et vos propres vies nous l’appellerons donc Soi.

Ils marchèrent ainsi quelques minutes sans se dire un mot. À chaque mètre d’avancé notre ami se sentait revigoré de l’intérieur. C’est comme si tout ce qui c’était passé pour lui depuis ce matin n’était pas survenu. Il se disait même que rien n’était survenu depuis ses sept ans. Il sourit à cette idée. Son Soi prit alors la parole.

-« Rude journée pleine de rebondissement mon cher ». Dit-il en souriant. « Je te confesses que je dissimule que difficilement ma joie de te retrouver enfin. La liesse qui m’envahit que tu me permette d’être comme tu me vois aujourd’hui. Comme tu as enfin décidé de devenir, ou redevenir, c’est selon ».

-« Oui mais je suis tombé si bas, j’avoue me sentir à la fois ridicule et honteux, quand bien même la joie qui me transporte et me baigne en ce moment en vos présences ».

-« Tu n’es qu’en ta propre Présence. Rien d’autre. Tomber sers à se relever. Chuter sers à rencontrer un sol pour se mettre debout. Sois fier et heureux d’avoir chuté. Sois fier et heureux d’être tombé. Car sans cela tu ne serais pas aujourd’hui debout. Tu pourras tomber mille fois. Cela ne sera que mille occasions de te relever et de te tenir debout. Mon Fils, ne fais pas de ta force une honte. Ne ridiculise pas ton courage ».

La Vie souriait.

-« Mais maintenant que me voilà debout, en vos pré.. pardon en ma présence, que vais-je aujourd’hui faire que je n’ai pu faire hier ? ».

-« En étant Présent pour commencer tu ne seras plus absent de toi-même. Tu peux enfin Être et Devenir. Tout commence vraiment pour toi ».

-« Pourrais je encore chuter ? ».

-« Le souhaites-tu ? ».

-« Non !!! ».

-« Alors qu’il en soit ainsi, ici, maintenant et à jamais. Tu Es Celui qui décide de ce qu’il adviendra, et il en a toujours été ainsi. Si tu ne gis pas inerte sur les récifs en train de te faire manger par des crabes, c’est que Tu l’as décidé. ».

L’Humour riait.

-« Oui c’est vrai. C’est bien moi qui l’ai décidé. Ce fût à la fois brutal et salvateur d’avoir parlé à l’enfant. C’est pour lui que j’ai décidé de me transformer, de changer, de faire disparaître l’ancien et faire ressurgir un nouveau qui lui enlèverait le regard qu’il avait en me parlant. Lui faire sécher ses larmes qui me brûlaient le cœur. Je ressens ce que tu vas me dire avant que tu ne le fasses. Je suis d’accord. Il n’y a pas d’enfant autre que moi-même. C’est ce que je suis en vérité qui a ressurgi face à moi. Ce n’est pas dehors que les larmes coulaient, mais bien à l’intérieur. Me voyant être ce que j’étais devenu. C’est alors que j’ai trouvé force et détermination pour me relever, pour me mettre debout, changer, me transformer, devenir autrement ».

La Mort souriait.

Ils marchèrent encore un instant, l’Histoire ne dit pas combien de temps, ni ce qui a été dit. Juste qu’à un moment, le Soi, l’enfant et notre ami ne firent plus qu’un et continuèrent ensemble leur chemin. Humour, Mort et Vie ne les quittèrent jamais.


Dernière édition par Régis le Mar 4 Juin - 8:39, édité 6 fois
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YAmA
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MessageSujet: Re: Qu'as-tu fais de moi ?   Qu'as-tu fais de moi ? Icon_minitimeDim 10 Fév - 16:08

C'est très fort.
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Rikudou
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Rikudou


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MessageSujet: Re: Qu'as-tu fais de moi ?   Qu'as-tu fais de moi ? Icon_minitimeDim 10 Fév - 18:06

Je ne peux pas mieux dire.
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MessageSujet: Re: Qu'as-tu fais de moi ?   Qu'as-tu fais de moi ? Icon_minitime

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