(Extrait du séminaire "Enseignements premiers du Christ" de Daniel Meurois - Québec 2004)
"L'une des choses les plus importantes que le Christ nous avait révélé et qu'on n'a pas su comprendre ou qu'on a perdu de vue, mais que nous devons reconsidérer aujourd'hui, c'est que nous sommes tous appelés à devenir semblables à lui. Nous sommes tous amenés à devenir des Christ en puissance.
Lorsque je dis cela, je ne fais pas référence au Christ historique mais à l'état d'être christique qui est accessible à chacun de nous. Je sais bien que si j'affirmais cela dans une assemblée éclésiastiques, ça soulèverait un tolé général, parce que ces gens-là ne peuvent pas concevoir que nous, en tant qu'individus, nous puissions accéder à l'état de conscience qui était celui du Maître Jésus et celui du Christ. Et pourtant, c'est ce qu'il nous est demandé, c'est tout le travail de notre réintégration auquel nous sommes destinés. C'est fondamental dans ses enseignements.
Bien sûr, Jésus ne parlait pas de Christ comme nous en parlons aujourd'hui car il n'y avait pas le même vocabulaire ni la même distance historique pour faire référence à cela. Mais la notion de "Fils du Père" et celle de "Messie" était bel et bien présente, et il nous voyait très bien acquérir son état de Réalisation, c'était même le but de sa vie : stimuler le germe de l'état christique qui se trouve en nous dès la naissance. C'était vraiment son but ultime et on n'en prend jamais assez conscience. On parle toujours de l'état d'esprit christique comme quelque chose qui est extérieur à nous et qui est quasiment inaccessible. Or, c'est là où l'on se trompe, c'est là où l'on se sépare de notre destination et où l'on continue notre ronde dans la dualité. C'est toujours "Dieu" ou "le Christ" extérieur à nous et nous restons là comme des fidèles qui n'ont pas la capacité de s'élever réellement ou d'accéder à certaines choses.
Mais notre réelle destination, c'est véritablement le Soleil ! Pas le soleil en tant que symbole mais en tant qu'état d'être. Nous sommes appelés à devenir des soleils au centre d'un système solaire puis, ensuite, d'une galaxie. Qu'on le veuille ou pas, nous sommes attirés vers cela et notre travail, comme le Christ ne cessait de nous le répéter, ce n'est pas de cultiver en nous cet état d'être ou cette prise de conscience, mais c'est de nous re-souvenir du chemin que notre esprit a déjà parcouru.
Ceci est très important, voyez-vous ? Pour le Maître Jésus, toute notre avance au fil des existences était déjà réglé quelque part dans l'éternité, nous avons déjà fait le chemin. Simplement, c'est comme si nous replongions dans le rêve du chemin que nous avons déjà parcouru, pour devenir plus conscient de ce chemin, c'est-à-dire pour mieux maîtriser tous les degrés de cette ascension qui fait déjà de nous, dans l'absolu, des soleils et des christs.
Ce n'est pas prétentieux de dire cela, c'est simplement nous restituer au sein d'une réalité qui est ce qu'elle est de toute éternité et qu'on ne peut pas nier. Avoir en soi l'étincelle divine, ça veut bien dire ce que ça veut dire et cela n'a donc rien de prétentieux, c'est simplement réaliser une vérité fondamentale et si nous la nions, cela nous entraîne dans la souffrance que l'on connaît.
Ceci était vraiment fondamental dans les enseignements du Christ. Par exemple, lorsqu'il faisait allusion à ce qu'on appelle les miracles, c'est-à-dire à cette maîtrise des lois de la nature que nous ignorons encore, il ne se plaçait pas d'une façon extérieure à nous, il affirmait constamment que tout ce qu'il faisait, nous étions capables de le faire, que nous le ferions et que nous ferions mieux encore. Il me semble d'ailleurs que cela est noté en toutes lettres dans les évangiles canoniques, mais c'est une chose que je n'ai jamais entendu être commentée par les prêtres. Qu'est-ce que voulait dire Jésus en nous annonçant que nous serons capables de faire même mieux que lui ? Tout simplement que nous sommes capables d'accéder à cet état de réalisation christique, c'est notre destination, non pas la destination finale car il n'y a jamais de fin à quoi que ce soit, mais celle à laquelle nous pouvons actuellement prétendre, consciemment parlant. Ensuite, il y a des états de conscience qu'on ne peut même pas concevoir ni imaginer, mais que le Christ a devant lui en tant horizon, parce que Lui aussi avance de son côté.
Le fait de dire que le Christ est lui-même en évolution a d'ailleurs beaucoup choqué les gens, il y a une quinzaine d'années, quand j'ai commencé à en parler dans des conférences. Pour la plupart des gens, le Christ est parfait. Certes, il est parfait dans tout ce que nous pouvons percevoir de la perfection dans notre système solaire, voire dans la galaxie, mais pour le Christ, il y a encore une destination devant Lui vers laquelle Il se dirige. Mais là, on est évidemment incapable d'entrevoir quoi que ce soit parce qu'on se retrouve alors comme une fourmi devant le fonctionnement d'un ordinateur sans même être capable d'imaginer ce qu'est un ordinateur. Devant la notion de divinité, devant l'avance du Christ, le genre humain se retrouve exactement dans la même situation.
Il y avait chez le Maître Jésus cet aller-retour constant entre cet aspect humain, avec ce côté "jeu dans la métamorphose" qui était presque comme un défi (il s'amusait parfois à nous dérouter un peu), et ce côté divin. Il alternait sans arrêt entre ces deux aspects et à toute vitesse. J'en ai déjà parlé en expliquant combien cette alternation entre son côté humain et son côté divin nous donnait le vertige parfois. Mais il y a aussi cette façon qu'il avait de nous déconcerter et qui est également importante.
Cela doit nous faire prendre conscience qu'on n'a pas à se décourager aujourd'hui lorsqu'on se sent un peu perdu dans notre avance et qu'on ne sait plus trop où aller, quand on a l'impression de s'être trompé ou bien d'être arrivé au bout de quelque chose, il est normal que l'on éprouve quelques fois des longues périodes de vertige, cela arrive à tout le monde car ça fait partie du jeu de la transformation de la vie que de nous faire connaître ces moments de vertige et de doute.
Pour le Maître Jésus, l'une des difficultés majeures à laquelle nous devons être confrontés sur Terre, dans nos incarnations successives, est liée au souvenir. Nous sommes tombés dans l'oubli que nous sommes des Christs en puissance et que nous sommes déjà des êtres Réalisés quelque part dans l'infini et qu'on ne peut pas appréhender. Pour lui, notre handicap majeur était vraiment l'amnésie, il n'a cessé de le répéter durant les années où nous l'avons côtoyé. Pour lui, la notion de péché n'existait pas. On parlait plutôt de faute mais cette notion de faute originelle n'existait pas vraiment en tant que telle. L'handicap majeur n'est donc pas le péché ou la faute, mais l'oubli de ce que nous sommes et, à cause de cette amnésie, nous nous égarons d'existence en existence.
Bien entendu, cela ne doit pas excuser toutes les atrocités ou toutes les bêtises qu'on peut faire, mais c'est une façon de comprendre que nous ne sommes pas fondamentalement des êtres qui ont une mauvaise racine en eux, qui sont à jamais attirés vers ce qui est bas, mais tout simplement, nous sommes des êtres privés de leur mémoire."