elisabeth Membre ACTIF (Ancien d'Essania)
Nombre de messages : 593 Age : 75 Localisation : Alpes Maritimes Date d'inscription : 13/06/2006
| Sujet: Chronique de Daniel: "Le PH de notre vie" Mer 13 Oct - 1:23 | |
| Octobre 2010 http://www.meurois-givaudan.com/fr/ch1010.html LE PH DE NOTRE VIE Il m'est arrivé autrefois d'avoir un aquarium. Un bel aquarium que j'entretenais méticuleusement. J'y avais recréé toute une vie avec ses poissons de différentes espèces, ses plantes arborescentes, son éclairage adapté… bref tout un monde qu'il me fallait maintenir en santé. C'était fascinant et fort instructif quant à l'équilibre que sous-entend la vie en général.
Quand j'y repense aujourd'hui, mon regard s'étend étrangement à d'autres réalités que son petit univers aquatique. Il grimpe en altitude… Il me pousse à considérer notre monde et son équilibre à lui… si toutefois on peut encore employer un tel terme.
Le mot de PH m'est venu spontanément à l'esprit. Le PH, pour ceux qui l'ignorent, indique le degré d'acidité ou d'alcalinité d'une eau. À l'aide d'une éprouvette, je le mesurais constamment dans mon aquarium. En assurer la neutralité, c'était le maintenir au niveau moyen de 7 sur une échelle descendant de 14 à 0, ce dernier chiffre indiquant, quant à lui, une acidité extrême.
Vous commencez à me suivre… Si cela me fait penser à notre monde c'est parce que j'ai la pénible sensation aujourd'hui que l'ambiance de la société que nous avons créée - ou laissé se créer - montre de plus en plus les signes d'une chute largement sous le 7 . Notre monde est devenu étonnamment acide… Qui pourrait le nier ?
Oh, je ne veux pas seulement faire allusion aux climats sociaux qui le caractérisent un peu partout. Ce serait dépeindre une évidence qui s'étale déjà à la une de tous les éditoriaux de la planète. Inutile d'en rajouter.
Je veux surtout parler de notre PH à nous, là où nous sommes, dans notre monde intérieur bien sûr, mais aussi dans cette micro société que nous tissons chaque jour avec notre conjoint, notre famille, nos amis, nos collègues de travail. Où en est-il, très franchement, ce PH-là ?
Je regarde, j'écoute vivre et, d'année en année, il me semble qu'il se rapproche davantage d'une saturation en acidité. Le fait est que notre monde se fait sans cesse plus difficile à vivre; son rythme s'accélère et les tensions s'y exacerbent d'une manière déconcertante.
Qui est honnête et qui ne l'est pas ? Qui dit vrai et qui ment ? Qu'est-ce que je n'ai pas encore et qu'il faudrait que j'aie ? Suis-je bien assuré ? De quoi devrais-je peut-être avoir peur ?
Les pressions, les compétions, les exigences, les urgences sont devenues nos compagnes tyranniques de chaque instant. Ce sont elles qui acidifient notre vie. Elles y distillent savamment une sorte d'amertume qui nous rend vite impatients, irritables, belliqueux…
Certains n'y trouvent rien à redire. On leur a enseigné que la vie était un combat… alors ils appellent cela le tempo de l'air du temps, l'effet du progrès… Nager en eau trouble et acide ne gène pas tout le monde, c'est clair !
Ce n'est pas pour eux que j'écris aujourd'hui car chacun doit aller au bout de son chemin et en épuiser tous les aspects… même si ça ronge.
Si je pose ces mots, c'est pour ceux qui veulent dire non à l'apparente fatalité d'un PH trop bas dans leur vie. Ils sont les plus nombreux, j'en suis convaincu.
Bien sûr, tout cela est aisé à dire et je suis conscient qu'il y a maintes et maintes raisons dans notre monde - même sans avoir à aller chercher très loin - pour nous pousser en toute légitimité à lever le ton et à perdre patience.
Il faut, nous a-t-on dit, arrêter d'être gentil pour enfin s'attacher à être vrai. Peut-être… Il existe évidemment une forme de gentillesse qui n'est que la traduction d'une faiblesse. Celle-là n'a jamais aidé grand monde…
Mais le problème c'est que certains, de plus en plus nombreux, confondent le langage de la vérité avec le maniement du vitriol. C'est même à la mode ! Les mots vitriolés sont devenus la marque d'un savoir-faire apprécié en société ou dans les médias. On y voit de la vivacité d'esprit, de l'intelligence. Ils font de l'audience.
Il n'empêche que du vitriol c'est du vitriol et que ça laisse des cicatrices… pas seulement sur ceux dont on pourrait penser qu'ils l'ont cherché mais sur ceux qui en badigeonnent leurs pensées et leurs paroles. Les acides s'auto-inoculent si facilement ! Ils s'incrustent dans l'âme en une espèce de rouille qui se transmet à la manière d'un virus.
Oui… le PH acide de l'âme humaine est contagieux si on n'y prend pas garde. Il prend l'allure une ¨petite férocité sociale ordinaire¨, souvent discrète mais toujours insidieuse et redoutable dans ses conséquences; il finit par imposer le réflexe d'une sorte de ¨chacun pour soi¨ sans pitié.
Détrompez-vous… je ne cherche pas à dire qu'il nous faille respirer sous un PH neutre. La neutralité n'est pas nécessairement une spécificité à cultiver. Il nous faut un minimum de feu pour avancer. La tiédeur d'une vie est à coup sûr propice à la léthargie de l'âme qui l'habite. Je tente simplement de rappeler, même si cela paraît être une évidence, qu'il existe deux orientations possibles pour le feu . Celle qui réchauffe et celle qui brûle puis dévore.
Je gage que vous préférez celle qui réchauffe. Moi aussi.
Alors regardons-nous du dedans tandis qu'il en est peut-être encore temps. Observons et tentons de désamorcer toutes nos frustrations, nos rancoeurs, nos jalousies, nos impatiences autant que cela se peut.
C'est en commençant par nous-même que le PH de l'harmonie, celui que nous appelons tous, pourra avoir une chance de montrer le bout de son nez et de nous rendre le sourire plus facile.
Un grand-petit défi au quotidien…
Merci Daniel Que le PH harmonieux active nos couleurs et réchauffe les coeurs! | |
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