Supertrash, le film coup de poing de la rentrée
CINEMA - Plongée dans l'univers de nos poubelles, le film Supertrash, en salles le 9 octobre, lève le voile sur une situation accablante, aberrante, celle du traitement de nos déchets. Pendant quatorze mois, Martin Esposito a filmé une décharge à ciel ouvert dans le sud de la France, et témoigne d'une triste réalité peu connue jusqu'à présent. A voir.
C'est le film coup de poing de la rentrée. "Supertrash", qui sort en salles le 9 octobre prochain, porte bien son nom. Plus que du dégoût, il nourrit un véritable sentiment de révolte chez le spectateur. Durant quatorze mois, son réalisateur, Martin Esposito, ex-champion de windsurf passionné de photo, a filmé une décharge à ciel ouvert dans les Alpes-Maritimes. Résultat : pendant plus d'une heure, les images qui défilent sur l'écran sont à peines descriptibles. Cercueils d'enfants en fin de concession, mêlés à des produits toxiques, sur des tonnes de nourriture encore consommables, foie gras, poulets fermiers, hydrocarbures, médicaments sortis d'usine et... tapis rouges de Cannes. "Bienvenue en enfer", résume la voix off de Martin Esposito, qui se filme, caméra au poing et masque sur le nez, au milieu de ce no man's land surréaliste.
A l'origine de ce projet, il y a donc Martin, 35 ans. Son film, curiosité cinématographique, à mi-chemin entre le documentaire et le long métrage, était à la base un projet bien plus vaste : "après avoir vu le film d'Al Gore, "Une vérité qui dérange", sur le réchauffement climatique, j'ai eu envie de filmer des décharges à travers le monde", nous explique-t-il. Son point de départ : la décharge de la Glacière, à Villeneuve-Loubet, à côté de laquelle il a grandi petit. Il ne la quittera finalement pas pendant deux ans. Allant jusqu'à s'y nourrir, s'y loger, quitte à mettre son corps à l'épreuve. "A chaque découverte, j'ai su que je ne pourrai pas partir. Tout ce que je voulais montrer au monde était là, ici, en France", raconte-t-il.
Témoignage de la "folie humaine"
Alors il filme tout : les barils d'hydrocarbure balancés sans autorisation, les poubelles de plastique, issues d'un triage, jetées par centaines au milieu de la nourriture, des métaux, du verre, des milliers d'emballages neufs, de beaux livres... et de l'arsenic. Déversé n'importe où, il finira par se retrouver dans les rivières avoisinantes, où un homme pêche tranquillement. Des aberrations qui se comptent à l'infini. "On nous parle de recyclage, mais cela ne représente que 5% de nos déchets", s'insurge le réalisateur, d'une voix lente. "Il faut aller dans une décharge pour découvrir la folie humaine". Et la Glacière ne fait pas exception : "des décharges comme ça, on en trouve partout, sur les 2.000 que compte la France", souligne Martin Esposito.
Pire, "la Glacière n'est pas une décharge improvisée, nous explique-t-il, mais bien un lieu organisé par un acteur de l'environnement et de la propreté". Veolia. Son nom est flouté sur les dizaines camions que l'on voit déverser tour à tour leurs déchets, comme dans un ballet interminable. "C'est pour changer les choses, réveiller les consciences, mais aussi les obliger à changer leurs méthodes" que Martin a fait ce film. Les nombreux témoignages des salariés sont accablants. Ils savent bien que ce qui se passe là n'est pas normal.
"Veolia a vu le film, et l'a mal pris, c'est dommage", résume, dans un euphémisme, le jeune cinéaste. L'entreprise, que nous avons sollicitée, n'a pas tenu à régir. "Il le faudra bien un jour, nous répond, sévère, Martin Esposito. Pour le moment, on est sympa, mais après on va devoir passer à l'étape suivante, plus forte", nous raconte, énigmatique, celui qui dit avoir de nombreux "projets en tête". Et de conclure : "je m'en fous, moi, je n'ai rien à perdre, et je ne veux pas vivre dans ce monde-là".
Julie Mendel
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