Sujet: Rodilhan II Le retour 2013 Mer 30 Oct - 6:55
Rodilhan 2013, le compte-rendu
Ce dimanche 27 octobre marque une nouvelle page historique du mouvement anti-corrida français. Jamais la petite commune de Rodilhan n’a connu un tel séisme ! Devenue un symbole majeur de la brutalité des tortionnaires en 2011, il vient d’être confirmé deux ans plus tard qu’à Rodilhan, dans les rues comme dans les arènes, la seule façon de dialoguer avec un anti-corrida, c’est de lui cogner dessus, ou de le gazer à bout portant.
Le potentat local Serge Reder a transformé son village en camp retranché : 200 aficionados protégés par 250 gendarmes et CRS pour empêcher l’accès à des arènes pratiquement vides, tout ça pour que de jeunes crétins en costume puissent torturer des veaux. Incompréhensible !
Le bouclage total de Rodilhan dès 8 heures du matin a empêché les amateurs éventuels de torture animale qui n’avaient pas réservé de prendre leurs places le jour même, aucune vente par correspondance n’ayant été mise en place pour éviter que les anti-corridas n’achètent des billets dans le but d’envahir les arènes (le maire de la ville en fait des cauchemars depuis deux ans…).
Ce déploiement démesuré des forces de l’ordre a choqué les habitants eux-mêmes, pris en otages dans leur propre ville par leur propre maire. Et ce ne sont pas les prochains impôts locaux qui vont les calmer, puisque l’addition sera à la charge de la commune et non de l’Etat (50 000 euros environ !).
Nous étions donc 800 manifestants ce dimanche 27 octobre dans les rues de Rodilhan, soit 1/3 de la population du village !
Vers 8h30, les premiers manifestants arrivaient sur le parking qui nous avait officiellement été réservé aux abords d’un complexe sportif. Les premiers policiers se mettaient également en place et procédaient à la fouille minutieuse de chaque personne qui passait.
Avant de commencer, Jean-Pierre Garrigues s’est adressé aux manifestants, certains venus de très loin puisqu’il y avait même une délégation américaine. Il a expliqué que nous allions nous répartir en groupes afin d’avoir des personnes présentes à chacun des barrages mis en place par la police tout autour du village. Il a aussi mis en garde les groupuscules de tous bords contre toute utilisation politique de ce rassemblement. Puis nous avons rendu hommage à Ghania, militante à la fois discrète et courageuse, qui nous a malheureusement quittés il y a quelques semaines. Cette manifestation lui était dédiée, elle qui avait été bouleversée par la violence des tortionnaires le 8 octobre 2011 alors que nous étions enchaînés avec elle dans les arènes de cette même commune.
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La parole a ensuite été donnée à Carole Davis, venue nous transmettre le soutien des associations américaines en cette journée historique, en même temps que l’appel au boycott contre la France que celles-ci venaient de lancer.
Puis les groupes ont été formés, le cortège s’est mis en route et chacun est allé se positionner là où il devait l’être. Deux groupes ont réussi à s’approcher jusqu’à cent mètres des arènes par des rues laissées désertes, sur un terrain vague. C’est là que les premiers gazages ont eu lieu, ainsi que des tirs de flashballs, à bout portant (une militante a eu un trou au-dessus de la cheville). Pendant plusieurs heures, les autres groupes appelés en renfort n’ont pu rejoindre la position avancée, les voies d’accès ayant été barrées entre temps.
Plusieurs blessés ont été pris en charge par la Croix Rouge, tous dans nos rangs… Mais quel que soit le degré de violence des forces de l’ordre et le gaz qui nous brûlait les yeux, la gorge, la peau même, nous revenions chaque fois nous rassoir juste devant eux. Certains groupes de CRS ont même gazé des gens assis par terre qui leur tournaient le dos, ce qui semblait n’avoir aucune justification.
Ils avaient sous-estimé notre motivation, car ce qui nous animait, c’était notre détermination à pouvoir accéder aux arènes pour empêcher la torture…. Alors certes, les assauts des autorités nous obligeaient parfois à reculer de quelques mètres, mais nous revenions. Et nous revenions. Encore et toujours.
C’est alors que l’avocat président de la séance de torture (celui qui dit quand il faut achever le pauvre veau, et qui attribue les oreilles et/ou la queue) a été aspergé de faux sang, symbole du sang qu’il a sur les mains… Il riait jaune le pauvre, essayant de se donner une contenance, mais il n’en menait pas large, humilié qu’il était d’avoir été touché…
Lorsque la fanfare est arrivée, un groupe de militants a fait barrage et les a obligés à reculer et à retourner jusqu’à leurs voitures. Nous leur avons signifié que nous ne les laisserions partir que lorsque tout serait fini, et nous nous sommes assis devant les voitures pour les empêcher de se rendre aux arènes.
Pendant plus d’une heure ils ont été bloqués sur place, mais les CRS ont voulu évacuer le terrain vague avant que les tortionnaires ne sortent des arènes, et à coups de matraques et de gaz lacrymogènes, ils nous ont obligés à reculer
Un véhicule anti-émeute escorté de dizaines de CRS nous a repoussés hors du « champ de bataille ». Combien d’offensives, combien de replis, puis de retours vers les barricades… Cela a duré toute la journée, aux différents points de rassemblement pris d’assaut par les militants…
Après 17 heures, et une minute de silence pour les six jeunes veaux massacrés, sur la route qui nous ramenait au parking, nous avons croisé quelques spectateurs sous escorte policière. Nous les avons hués, nous leur avons lancé à la figure les mots qui les définissent si bien : « assassins », « pervers », « tortionnaires »… Les yeux baissés et la peur au ventre, ils avançaient à pas rapides et n’en menaient pas large…. Les pétards les faisaient sursauter, ils avaient peur…ils venaient pourtant d’assister à un « spectacle » bien plus terrible, mais il est vrai qu’ils n’en étaient pas les victimes…
Même si nous n’avons pas réussi à empêcher le massacre de ces veaux par des adolescents dégénérés, ce 27 octobre est d’ores et déjà considérée comme une date historique dans nos rangs, du fait de l’ampleur de sa mobilisation, de la détermination sans faille des manifestants brutalisés et de l’écho médiatique planétaire qui en a résulté.
Difficile de s’imaginer que Serge Reder essaie de recommencer l’an prochain (s’il est réélu, ce qui est loin d’être certain, un grand nombre de ses administrés étant furieux contre lui), ou que le préfet le laisse faire (ce ne sera plus le même, l’actuel prenant sa retraite prochainement). Mais si tel devait être le cas, nous reviendrons, plus nombreux, plus déterminés, et mieux équipés pour faire face à la violence des forces de l’or
Notons à ce sujet que nous avons reçu de la part de certains d’entre eux quelques soutiens inattendus : un gendarme nous a dit en début d’après-midi que nous avions déjà gagné, les arènes étant quasiment vides, un haut-gradé a ajouté en fin de journée : "Vous devriez avoir une médaille pour avoir fait ce que vous venez de faire." Il parlait non seulement de l’aberration de la corrida elle-même, mais aussi de notre courage face aux gaz lacrymogènes et aux coups. D’autres policiers encore nous ont assuré de la sympathie qu’ils éprouvaient pour nous.
Ceux qui nous ont brutalisés ne nous feront pas oublier ceux qui nous soutiennent. Merci à eux.
Alors, encore une fois, de la part de toute l’équipe du CRAC et des associations partenaires, la:Fondation Bardot et Animaux en Péril, un immense merci à tous les manifestants pour leur présence, leur courage et leur dignité.
Au lendemain de notre mobilisation, la classe politique nîmoise a amplement critiqué ce qu’elle qualifie de “débordements“. Le sénateur-maire de Nîmes, aficionados assumé, a même proposé sur son blog la dissolution du CRAC Europe. Avec son ami Serge Reder, Jean-Paul Fournier a en effet demandé l’organisation “d’une réunion conjointe des parlementaires, pour alerter le ministre de l’Intérieur sur les dérives inacceptables observées au sein du collectif anti-taurin à l’origine de ces agressions et d’en envisager la dissolution“.
Celle-là, c’est la meilleure de l’année !!! Ces messieurs ont la défaite amère ! Mais malheureusement pour eux, nous ne sommes ni des milices privées, ni des groupes de combat, nous ne souhaitons pas porter atteinte à l’intégrité du territoire ; nous ne prônons pas la haine, ni la discrimination, ni la violence… Nous ne sommes pas comme eux, nous ne condamnons pas une race à se faire torturer sous le fallacieux prétexte que les individus qui la composent ont été élevés pour ça ! Alors si une « organisation » devait être dissoute, je crains qu’ils ne soient les premiers concerné
Restons unis et déterminés pour mettre fin à la barbarie des arènes, A très bientôt dans la lutte, l’abolition est proche !
Invité Invité
Sujet: Re: Rodilhan II Le retour 2013 Mer 30 Oct - 11:42
Rodilhan 27 octobre 2013 vécu de loin par un habitant du village.
Nous avons reçu un témoignage d’un habitant de Rodilhan qui raconte cette journée vécue de l’intérieur.
Un grand merci à cette personne !
Rodilhan 27 octobre 2013
vécu de loin par un habitant du village.
10 heures sonnent au clocher de ce petit, tout petit village de l’agglomération de Nîmes. Tout petit village, j’aurais pu ajouter « paisible » mais là, vraiment ce n’est pas le cas ! Si d’ordinaire c’est déjà un village où il ne fait pas bon vivre, cette semaine a été très tendue. Aujourd’hui, c’est le point d’orgue. Derrière la maison, la police attend les manifestants qui arrivent de plus en plus nombreux. Certains viennent de l’étranger.
Les chats sentent que quelque chose se prépare, ils se sont postés sur le mur devant la maison, et attendent. J’ai ouvert grand la maison pour qu’ils rentrent rapidement, j’ai mis à l’abri les plus fragiles. La chienne également est inquiète. Je dois leur transmettre ma fébrilité.
Les voitures commencent à arriver, tout doucement, ce qui contraste avec une journée ordinaire, la vitesse est de mise sur cette rue à l’intérieur du village. Des cris… des huées… j’enrage de devoir rester là… Je voudrais me joindre aux manifestants, mais je ne peux pas. Le village est petit, le maire, un dictateur et je crains les inévitables représailles…
Je vais donc tout vous raconter vu de l’extérieur.
J’entends Jean-Pierre Garrigues haranguer la foule des manifestants, sa voix porte sur tout le village. Tout le monde peut entendre la VÉRITÉ sur ce qui se passe autour de la lutte anti-corrida.
La foule applaudit.
11 h 30 : des cris, des slogans, des pétards, des sirènes, c’est certainement la sortie des arènes qui est soulignée par les manifestants. Je vois des personnes du village, surtout des hommes, surgir de nulle part, soit en courant, soit en vélo, la curiosité est la plus forte, ils veulent voir, les mêmes qui me disaient « il faut s’enfermer, cela va être la guerre dans le village ».
12 h 40 : Depuis 10 h inlassablement les manifestants circulent dans les rues du village avec une impressionnante sono. On entend et comprend bien les paroles. Ils sont infatigables tant leur conviction est forte.
Le village aurait été bloqué à toutes les entrées avec un point de contrôle pour avoir le droit d’y entrer. Un de mes jeunes voisins revient dépité, il n’a pas pu rejoindre son copain qui se trouve dans la zone à l’intérieur des barricades. Malgré sa carte d’identité, il n’a pas pu passer le barrage.
14 h : tout va très vite, des tirs de lacrymogènes, des cris, des pleurs, des insultes, des CRS, des badauds… Un brouhaha que nous entendons et qui enveloppe le village. Des personnes passent dans la rue pour se reposer ou s’isoler, pour reprendre des forces et ensuite repartent encore plus motivées.
15 h 47 : les lacrymogènes auraient-ils eu raison des manifestants ? Mais déjà on entend des cornes de brume et des sifflets, une clameur s’élève des barricades autour des arènes, des applaudissements : non, il n’en est rien, ils sont toujours là ! Ils sont vraiment les plus forts de la journée, les plus valeureux, bravo à vous les amis.
16 h 32 : les sirènes hurlent… les cornes… ils sont encore là, plus vaillants que jamais.
17 h 09 : on entend la voix de Jean-Pierre Garrigues, encore les cornes, encore les applaudissements.
17 h 30 : « vous êtes des barbares…. des barbares…» hurle sa sono.
18 h : nous sommes allés faire un tour pour voir : un panneau entouré de gendarmes nous signale que nous sommes à RODILHAN ville en fête :-))) Plus loin, six motards, nous faisons le tour du village, nous sommes arrêtés pour entrer à nouveau dans le village. On entend encore les manifestants faire du bruit, mais ils sont sur le chemin du retour, nous en rencontrons plusieurs épuisés, les yeux rougis par les lacrymogènes.
Ils vont rentrer chez eux avec le sentiment du travail accompli et avec notre grande admiration.
Régis Fondateur/Admin.
Nombre de messages : 5353 Age : 67 Localisation : Un petit coin de paradis sur Terre Humeur : Optimiste Date d'inscription : 05/06/2006
Sujet: Re: Rodilhan II Le retour 2013 Mer 30 Oct - 13:05
Tu as également partagé cet article sur facebook qui en dit long : http://www.anticorrida.com/Rodilhan-2013-le-compte-rendu.html
Invité Invité
Sujet: Re: Rodilhan II Le retour 2013 Mer 30 Oct - 16:36
oui il est posté juste plus haut
Invité Invité
Sujet: Re: Rodilhan II Le retour 2013 Ven 1 Nov - 8:48
Invité Invité
Sujet: Re: Rodilhan II Le retour 2013 Ven 1 Nov - 19:06
curieux la quasi non réaction sur cette page........
Rikudou Membre ACTIF
Nombre de messages : 233 Age : 35 Localisation : Orléans Date d'inscription : 03/01/2013
Sujet: Re: Rodilhan II Le retour 2013 Ven 1 Nov - 19:41
Mais que veux-tu que l'on dise? Si je m'exprime ça ne serait que pour alimenter la haine! De tels images me donne envi d'y aller avec un katana et de créer un bain de sang!
Je suppose très fortement que ce n'est pas le genre de propos qui est attendu dans un tel forum. Je suis loin d'être un saint, et j'ai réellement horreur de la violence. Mais curieusement, dès que je me sens profondément atteint dans mon intégrité, mes poings se ferment et sont prêt à agir. Vieux réflexe basique et primaire...
Rikudou Membre ACTIF
Nombre de messages : 233 Age : 35 Localisation : Orléans Date d'inscription : 03/01/2013
Sujet: Re: Rodilhan II Le retour 2013 Ven 1 Nov - 20:39
S'il m'arrive de me pas m'exprimer (et je pense que c'est le cas de beaucoup), à la fois sur un forum, et dans le quotidien, c'est que je peux vraiment être excessif. Et ce n'est bon, ni pour moi, ni pour ceux qui m'entoure.
Régis Fondateur/Admin.
Nombre de messages : 5353 Age : 67 Localisation : Un petit coin de paradis sur Terre Humeur : Optimiste Date d'inscription : 05/06/2006
Sujet: Re: Rodilhan II Le retour 2013 Sam 2 Nov - 7:08
Et dire que c'est juste une minorité de gens dont la conscience est restée bloquée aux jeux du cirque de l'époque des romains.
Le plus ironique, c'est qu'il ose appeler cette barbarie une "culture".
S'ils pouvaient prendre conscience que lorsqu'ils quitteront ce monde, il leur faudra revivre ce qu'ils ont vécu en ressentant la souffrance et la peur qu'ils ont engendré chez les animaux comme chez les humains qui voulaient les défendre... S'ils pouvaient en devenir conscient, ça les calmerait peut-être... mais le problème, c'est qu'ils n'en ont pas de conscience.
Rendons hommage à ces manifestants anti-corrida qui font preuve d'un grand courage. Comme on peut le voir, ils n'ont pas répondu à la violence par la violence, ils ont supporté autant qu'ils le pouvaient l'agressivité des barbares.
La prochaine fois, c'est par milliers qu'ils devraient investir les arènes...peut-être qu'alors, ce ne sera plus la même histoire.
Régis Fondateur/Admin.
Nombre de messages : 5353 Age : 67 Localisation : Un petit coin de paradis sur Terre Humeur : Optimiste Date d'inscription : 05/06/2006
Sujet: Re: Rodilhan II Le retour 2013 Dim 10 Nov - 11:00