Question de sommeil...
par Daniel Meurois - Décembre 2009
Si on en croit la réflexion menée par Jean-Jacques Rousseau et qui reflète en réalité ce qui devrait être le simple bon sens, il existe, par nature, un contrat social entre le Gouvernement d’un pays et sa population. C’est ce qui est implicite de nos jours dans toutes les sociétés qui affirment fonctionner sur des principes démocratiques…mais cela l’était également autrefois bien plus qu’on ne le pense. En effet, le suzerain avait pour devoir de protéger ses vassaux ainsi que la population dont il avait la charge.
Chacun sait que dans les temps passés cette règle a été plus ou moins bien respectée et chacun se réjouit donc aujourd’hui - tout au moins dans un certain nombre de pays - d’en être arrivé, officiellement, à un système de fonctionnement où on lui dit qu’il est de son devoir de faire entendre sa voix, c’est-à-dire de ne plus être un sujet mais un citoyen.
Pourtant, plus j’observe ce qui se passe actuellement dans nos contrées dites évoluées, plus je m’aperçois que nos Gouvernements sont de façon terriblement croissante en flagrante rupture de contrat social vis-à-vis des peuples qu’ils sont censés diriger dans le respect. Tous les moyens sont bons pour presser ceux-ci tels des citrons, leur mentir, les domestiquer, les contrôler. Ce qu’on croyait autrefois n’être que la conséquence des monarchies et des empires est donc, en réalité, la pitoyable conséquence d’une certaine mentalité humaine, tous régimes confondus.
Ce qui se passe aujourd’hui, entre autre au niveau de la santé, avec une pandémie fabriquée sur mesure à l’échelle mondiale en est la meilleure des preuves. La plus éhontée également. Il est clair que la principale préoccupation de ces Gouvernements, quels qu’ils soient, est d’affaiblir à tous les niveaux puis de formater le maximum d’individus en fonction d’une pensée unique dont il est non moins clair qu’elle prétend vouloir le bien commun.
Le bien commun ? Personnellement, je me demande où il est… à moins que certains - une infime minorité - ne l’ait redéfini subrepticement. J’ai toujours pensé que le plus réussi des conditionnements était celui qui parvenait à faire croire tous azimuts qu’il n’en était pas un en jouant savamment avec le lexique de la liberté, quelques sucres d’orge sociaux distribués et un simulacre de raison.
En ce sens, l’¨éducation¨ que nos générations actuelles ont reçue et continuent de recevoir en est une belle démonstration. Bon an mal an, celles-ci en viennent à accepter toutes les aberrations par lesquelles une nouvelle forme d’esclavage se met en place. Ainsi les critères de la ¨normalité¨ et du libre-arbitre ont-ils été tranquillement redéfinis en quelques petites décennies.
Il suffit d’ouvrir un peu les yeux pour observer globalement ceci : Nous nous imaginons choisir tandis que nos décisions sont préformées par d’habiles sondages et de sournoises publicités. Nous pensons être maîtres de nos opinions et de nos mouvements alors que nous sommes méthodiquement éduqués dans la peur et la dépendance dans une direction précise. Nous croyons que nos sociétés progressent à cause des spectaculaires percées de la technologie cependant que nous souffrons de plus en plus d’instabilité psychologique, de dépressions et d’une ribambelle de nouvelles maladies. Nous affirmons être des peuples matures mais la moindre réflexion sur la vie elle-même nous fait fuir et la mort effraie plus que jamais la majorité d’entre nous, incapable de se voir prendre de l’âge.
La solution à cet état de fait ? Une nouvelle vague de révolutions pour traduire la saturation de certains à l’échelle planétaire ? Il me semble que les bains de sang ont déjà fait leurs preuves et qu’il serait plus que stupide de retomber dans leurs vieux scénarios cent mille fois répétés. Il suffit de tirer un enseignement du passé pour s’apercevoir que c’est inévitablement le même type d’individus qui en émergent : ceux qui se nourrissent de pouvoir.
Alors que faut-il faire ? Accepter la situation actuelle comme un mal inévitable ? Se réfugier dans une léthargie digne de celle des ruminants ? C’est justement ce que nos Gouvernements en rupture de contrat social espèrent de la masse en état d’hypnose dont nous faisons partie pour la plupart.
Gandhi avait incontestablement proposé une belle alternative avec le principe de la résistance passive, une superbe, courageuse et efficace forme d’action. Je ne suis hélas pas convaincu que s’il revenait aujourd’hui on saurait lui faire la même place. Notre monde s’est sans nul doute durci. Les égoïsmes ont gagné en force.
La chose dont je suis cependant certain c’est que la dernière attitude à avoir est celle qui consiste à courber le dos. La pire des hypocrisies est celle face à laquelle nous sommes : C’est celle qui se sert du visage d’une pseudo liberté comme outil d’asservissement et d’abêtissement.
Si je n’ai pas la solution, j’ai néanmoins quelques petites idées…
Souvent, lorsque je considère notre monde ¨désâmé¨, c’est-à-dire privé de la conscience de ce qu’est son Essence, je me pose cette question : « Que ferait le Christ devant une telle situation ? Se contenterait-il de belles paroles à saveur métaphysique ? » La réponse me vient immédiatement. C’est « Non ». Évidemment non.
On oublie trop souvent lorsqu’on évoque Sa présence et Son impact il y a deux mille ans, qu’Il était avant tout un être de terrain, un homme bien incarné qui a su prendre des positions très concrètes face aux différents pouvoirs en place, le temporel et le spirituel. Beaucoup le considéraient d’ailleurs, selon l’expression consacrée, comme un activiste. Le mot n’est pas trop fort. Ainsi ne craignait-Il pas de secouer tout un chacun afin de l’extraire de sa torpeur et de sa soumission à la classe sacerdotale et au pouvoir politique du Sanhédrin associé à celui des Romains.
Cependant au-delà de cela, le plus important c’est qu’Il nous dirait surtout que le vrai problème ne vient pas de nos Gouvernements mais de nous. Il nous enseignerait que ces derniers sont toujours à l’image de ce qui nous habite, de nos manques comme de nos qualités, de ce que nous avons à vivre mais aussi, en l’occurrence, de nos démissions et de nos carences en âme. En définitive, Il nous renverrait à nous-mêmes en nous faisant comprendre que c’est nous qui construisons ou déconstruisons notre monde, au même rythme de ce qui nous fait nous élever ou au contraire nous avachir.
Il nous inciterait donc à bouger de l’intérieur avant tout autre chose. Il nous ferait prendre conscience que c’est l’humanité qui enfante de ses propres conditions de vie et de la qualité de son monde et que, en ce sens, elle n’a pas à vouloir changer quoi que ce soit d’autre qu’elle-même. Les monstruosités et les aberrations dont elle se plaint sont tout simplement ses créations, les fruits automatiques de ses lâchetés. On ne peut asservir, ajouterait-Il, que ce qui est asservissable…
Je l’ai souvent dit : Son époque et la nôtre, tout en étant bien sûr très différentes, offrent des similitudes pourtant flagrantes. Ce sont celles de deux sociétés au bord de la rupture, aux prises avec de solides schémas mentaux et en attente plus ou moins consciente d’¨autre chose¨. Deux sociétés à l’identité de moins en moins définie qui étouffent bien que soi-disant ouvertes. L’empire romain était fier des libertés et de l’abondance qu’il prétendait offrir, tout comme l’est notre monde moderne. Deux sociétés en réalité très contrôlantes parce qu’en définitive subtilement totalitaristes. Deux sociétés qui dirigent selon le fameux principe du ¨panem et circenses¨, ¨du pain et des jeux¨… autrement dit, celui du réfrigérateur suffisamment plein et des distractions à volonté.
Alors non, définitivement le Christ n’accepterait pas sans réagir une société comme la nôtre. Je puis également dire qu’Il ne choisirait pas entre un discours parlant des seules réalités de l’Esprit et un autre dénonçant la Matière au quotidien. Il ne choisirait pas parce que rien en Lui ne divisait, ne cloisonnait. Il ne considérait qu’une seule réalité : celle de la Vie à la recherche d’Elle-même et qui, ce faisant, explore
toutes les directions. Il nous parlerait de notre dignité et d’une vision intérieure à retrouver. Il nous parlerait de nous, de notre propre énigme.
Voilà pourquoi, en me souvenant de tout cela, j’ai simplement envie de dire, de répéter, qu’il est urgent et capital que nous nous engagions aujourd’hui dans toutes les directions de la Vie, en partant du dedans de nous. N’opposons pas notre apparemment si lointaine Essence subtile à un monde de matière qu’il serait, selon certains, acceptable et inévitable de laisser s’enfoncer dans l’ornière de l’asservissement et d’une forme d’ataraxie.
Si nous acceptons béatement ou par manque de courage la somnolence proposée et distillée par nos Gouvernements, ne serait-ce pas parce nous avons perdu de vue le trésor que représente notre liberté fondamentale ?
Si nous sommes d’accord de n’être qu’une carcasse qui naît, existe puis meurt comme un légume, ne nous plaignons de rien. Si, par contre, quelque chose palpite encore dans le creux de notre poitrine, alors il est temps de sortir de notre frilosité et de tout mettre en œuvre pour retrouver notre identité et un sens à notre incarnation.
En ce qui me concerne, il y a toujours eu un solide optimisme ancré en moi. Il est indéfectible. C’est lui qui me fait parfois claquer le fouet; c’est lui qui m’a poussé à écrire ces lignes qui ne sont pas sombres, comme certains pourraient le croire, mais seulement destinées à faire réagir et à raviver le souvenir de notre héritage…
Le vrai problème à résoudre se situe donc dans notre cœur, pas chez les ¨alliens¨ ni dans leurs prolongements sur l’échiquier mondial. Eux - je nie absolument pas leur présence - ne sont que les conséquences de notre indigence, de notre inconscience et de notre pauvreté en Amour.
C’est de ce nous-même - ou plutôt de ce que nous imaginons être nous-même - qu’il nous faut guérir…
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