L’une des grandes qualités du maître zen Ikkyu était sa vivacité d’esprit. Elle le servit bien lors d’une aventure bien connue, qui se déroula lors de sa jeunesse:
Alors qu’il était un jeune moine, Ikkyu se retrouva dans le pétrin quand la tasse de thé de son maître lui glissa d’entre les mains, se fracassant en mille morceaux.
Il n’y avait pas de quoi rire. Cette tasse de thé était la préférée du maître. C’était un trésor rare, façonné de matières précieuses. De toutes les possessions du maître, c’était probablement celle qu’il préférait d’entre toutes – et voilà qu’elle était irrémédiablement cassée!
La culpabilité empoisonnait l’esprit de Ikkyu. Mais avant même qu’il puisse se forger une excuse, des bruits de pas parvinrent à son oreille. Balayant les débris, il les rassembla en un tas qu’il dissimula avec son corps ; puis, il tourna des talons pour faire face à la porte comme le maître entrait.
Lorsqu’ils furent assez près pour se parler, Ikkyu a demanda : «Maître, comment se fait-il que les gens doivent mourir?»
Le maître répondit : "C’est parfaitement normal. En ce monde, tout doit connaître la vie et la mort".
Tout ?
Tout.
Donc ne n’est pas une chose pour laquelle on devrait s’en faire?
Certainement pas.
À ce point, l’astucieux Ikkyu fit un pas sur le côté, exposant à la vue du maître l’amoncellement de débris. «Maître... votre tasse vient de connaître son inévitable mort...»