Cheran est un village autochtone P’urhépecha de 16 000 habitants, situé dans les montagnes de l’état Mexicain de Michoacan.
Depuis 2008, il est soumis au harcèlement des coupeurs de bois qui, protégés par des groups armés du crime organisé, détruisent les bois de la région (80 % des forets alentour ont été dévastés en seulement 3 ans), enlèvent, torturent et assassinent les villageois, violent les femmes, mettent le feu à leurs ranchs, volent des outils et le bétail et, en général, ils humilient les gens.
L’État mexicain a abandonnés les habitants : les maintes dénonciations que les gens de Cheran ont logées auprès des autorités de l’état et fédérales ont été laissées sans réponse, sans aucune action qui soit pour les protéger. Quant aux autorités municipales, cela a été pire encore : la police locale a agi en complicité avec les malfaiteurs et elle a aussi tué des gens.
Un jour les bûcherons braconniers sont entrés à la source de la « Cofradia » qui pourvoit la communauté en eau. Grave erreur ... trop c’est trop. Les habitants de Cheran en ont assez de baisser la tête. Le 15 avril 2011, les cloches de l’église du village ont sonné pour appeler les habitants à mettre fin au saccage. Les femmes de Cheran les premières se sont mobilisées pour arrêter les activités des délinquants en diffusant des tracts, et ensuite soutenues par leurs hommes, elles sont arrivées à les expulser du village, incluant la police et le maire corrompus.
Armés de bâtons, de pierres, de machettes, de pioches, de pelles et de tout ce qu’ils avaient sous la main, ils ont occupé les bâtiments officiels et les commissariats pour ensuite monter des barricades et des feux de camp autour de la ville.
À partir de ce moment, la vie quotidienne de Chéran a changé.
En respectant diverses lois nationales et internationales, ils ont obtenu l’autonomie et reçu le droit de former leur propre gouvernement. Plus de campagnes politiques, d’élections ou de partis. Leur mouvement « Ya basta » est contrôlé par le peuple lui même et est à la charge du gouvernement local.
Les habitants défendent les limites de la ville avec des patrouilles communautaires. Aujourd’hui, le défi est, en plus de continuer à protéger les forêts qui leur restent, de reconstituer le tissu communautaire et d’organiser sa gouvernance en accord avec leurs normes et leur autonomie.
La ville de Cheran est un magnifique exemple de révolte citoyenne.
Les braves habitants de Cheran incarnent avec excellence la devise du cercle des volontaires « ce qui nous unis est plus fort que ce qui nous divise ».
Machiavel1983
Source : http://www.agoravox.tv/actualites/citoyennete/article/la-revolution-de-cheran-un-exemple-36278
ma source : http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/