L'illusion de la possibilité d'effondrement du système financier

L’illusion de la possibilité d’effondrement du système financier.

Une observation trop superficielle, même alimentée de solides notions sur les systèmes économiques et les systèmes financiers, peut sembler soutenir l’idée selon laquelle il existe des risques non seulement réels, mais imminents, d’effondrement du système financier international, voire mondial. Comment une observation nourrie de solides notions économiques et financières, pourrait-elle néanmoins amener à des prévisions erronées à propos du système financier ? Parce que le système financier ne répond pas à des perspectives économiques et financières, malgré les apparences immédiates… il répond à des nécessités psycho-relationnelles et psycho-sociales intrinsèques au tissu de la conscience collective de l’humanité, telle que cette conscience collective se présente actuellement dans son développement… Tant que ces nécessités psycho-fonctionnelles demeureront actives, leurs implications en termes d’organisation du « vivre ensemble » demeureront inévitables… Le système financier est strictement nécessaire au regard des nécessités psycho-fonctionnelles actuelles de l’humanité, et même s’il connaît inévitablement des états de déséquilibres et des états d’instabilités, c’est l’énergie de la conscience collective qui le maintient en vie… et parce que la conscience collective a besoin d’un tel système, ce système ne peut pas disparaître, au contraire il sera ressuscité et il sera renouvelé autant de fois que nécessaire, comme l’a montré la dernière crise financière (2007-2011) dite crise des subprimes…

Le système financier découle de la mise en œuvre automatique et de la complexification naturelle de trois dynamiques spécifiques de la conscience collective de l’humanité… ou plutôt de trois programmes psycho-fonctionnels communs à la majorité de l’humanité et qui de ce fait s’expriment sur une échelle collective… Le premier de ces trois programmes psycho-fonctionnels, bien qu’il n’y ait pas d’ordre hiérarchique à mettre en évidence ici, est une caractéristique de la conscience de l’humanité qui consiste dans un besoin viscéral de créer une valeur à la fois tangible et symbolique pour rationnaliser et alléger le principe des échanges de biens… C’est le principe même de l’argent. Il peut s’agir de coquillages, de galets polis, de perles marines, de pièces forgées de cuivre ou d’or, de papiers frappés, de bits électroniques dans une carte ou dans un système informatique… L’invention de l’argent répond à l’incapacité de l’humanité à fonctionner dans la logique du don des biens, et répond donc à la persistance de l’humanité à fonctionner dans la logique de l’échange de biens… Et la complexification du système de l’argent, ainsi que ce qu’on nomme le processus de dématérialisation de l’argent, est une réponse directe à la nécessité de sécuriser autant que possible la rationalité de l’argent… et cette rationalité serait instantanément perdue si n’importe qui, n’importe quand, et n’importe comment, pouvait fabriquer son propre argent et l’insérer dans le circuit des échanges de biens sans aucune forme de régulation et de restriction… Pour que le principe de l’argent demeure rationnel, il faut des institutions officielles pour en contrôler la définition, la création et la mise en circulation…

Aussi arbitraire au final que soit la distinction entre « la vraie monnaie » et « la fausse monnaie »… arbitraire car cette distinction repose essentiellement sur l’acceptation du caractère juste des institutions dites officielles, et du caractère qualifié de frauduleux des organisations nécessairement officieuses qui remettent en cause le monopole et le pouvoir des institutions officielles… aussi arbitraire que soit cette distinction, d’une manière ou d’une autre c’est une nécessité sociale incontournable que le système de l’argent soit contrôlé par des instances en nombre limité, usant de technologies aussi uniques et aussi sécurisées que possibles, et dépositaires de l’allégeance sociale commune, même si cette allégeance ne peut pas être unanime, comme le démontre l’existence des circuits de « fausse » monnaie… Les activités des organisations officieuses émettant de la « fausse » monnaie ne peuvent pas conduire à l’effondrement du système financier, car le principe de base du fonctionnement des institutions financières officielles est une élasticité adaptative aux aspérités du champ social… elles absorbent toutes les tensions et toutes les frictions qui peuvent naître des activités financières officieuses et parallèles, et les transforment en nouvelles complexités et en nouvelles systématisations…

Le second programme psycho-fonctionnel qui nourrit l’existence du système financier se trouve dans la nécessité que la majorité des gens ressent, de disposer d’un dispositif social de stimulation et de gratification afin de se mobiliser à contribuer à la création et à l’entretien des biens… Le principe de l’argent répond encore à ce besoin de stimulation et de gratification, et le système financier se déploie dans la nécessité, là encore, de rationaliser cette stimulation et cette gratification… Nous sommes là au principe de la rémunération en réponse à l’exercice d’un travail de quelque définition qu’il soit, un principe dont le salaire usuel est la forme la plus élémentaire… Le fait est simple… si tout dispositif de stimulation et de gratification venait à disparaître, l’activité collective de création, de production et d’entretien des biens, s’effondrerait immanquablement, après avoir passé par un processus de dévitalisation, de stérilisation et de perte de sens… Le résultat serait exactement le même si le dispositif de stimulation et de gratification perdait sa rationalité et se mettait à stimuler et à gratifier les activités les plus vides d’intérêt de la même manière que les activités les plus signifiantes du point de vue des nombreux besoins humains… besoins physiques, besoins psychologiques, besoins spirituels…

Pourquoi le principe de l’argent constitue-t-il le meilleur dispositif de stimulation et de gratification ? Parce qu’il donne aux gens la capacité d’accéder par ailleurs aux biens produits et entretenus par les autres… Si un dispositif de stimulation et de gratification était strictement neutre au regard de la possibilité, pour celui qui en bénéficie, d’accéder au reste des biens issus des activités des autres, un tel dispositif deviendrait rapidement honorifique ou simplement dépourvu de toute forme de considération, comme une médaille en papier décernée sans dotation financière et sans cérémoniel… et n’aurait aucune capacité de réguler les activités au sein de la société… Le désir chez chacun, d’accéder aux biens qui circulent au sein de la société, est un désir extrêmement profond et extrêmement fort… le principe de l’argent permet de sécuriser et de rationaliser la satisfaction régulière d’un tel désir… Bien qu’il ne soit pas parfait, en l’état actuel de la conscience collective de l’humanité, il n’existe pas de dispositif de stimulation et de gratification qui soit meilleur que le système de l’argent… et donc que le système financier qui s’en trouve être la complexification nécessaire…

Parce qu’il permet de sécuriser et de rationaliser les échanges de biens, et parce qu’il permet à chacun d’accéder aux biens produits par les autres, l’argent sous quelque forme que ce soit, est devenu en lui-même un bien… plus précisément l’argent est le méta-bien par excellence, le bien au-dessus de tous les autres biens… parce qu’il est ce qui donne accès aux autres biens… Nous ne sommes pas en train de dire que c’est le cas en « essence », mais nous sommes bien en train de dire que c’est le cas en « nature »… sur le plan des réalités terrestres sociales immédiates… Ceux qui sont les plus virulents ou les plus cristallisés dans leurs critiques à l’égard de l’argent, critiquent l’argent pour les mêmes raisons que l’adorent ceux qui sont les plus fervents et les plus enthousiastes à l’égard de l’argent : parce que l’argent représente une sorte de clé universelle et à peu près unique qui permet d’accéder indistinctement aux biens de toute nature générés et entretenus par la société… Si l’on manque de recul et de profondeur, gagner de l’argent peut devenir une fin en soin… et le désir et la volonté de gagner de l’argent en quantité conséquente, sinon colossale parfois, peuvent faire oublier la seule chose qui a de l’importance en matière de relation entre la personne et la société : donner de l’amour et de la lumière, sous quelque forme que ce soit.

Le troisième programme psycho-fonctionnel s’exprime dans la tendance irrésistible de l’être humain, à son niveau actuel de conscience, de désirer ce qu’il a été capable de reconnaître, à tort ou à raison, comme un bien… Le système financier est à ce point de vue, une réponse naturelle et inévitable au fait que la plus grande partie de l’humanité perçoit l’argent comme le bien le plus important entre tous… le méta-bien. Cette perception peut être vécue de manière intra-conflictuelle (la personne est en conflit avec elle-même par rapport à ce qu’elle ressent à propos de l’argent), ou de manière saine (la personne est en paix en elle-même avec ce qu’elle ressent à propos de l’argent)… mais elle est commune à une grande partie de l’actuelle humanité… Comme l’argent est perçu comme un bien, il faut en rationaliser la production et l’accès… la fabrication et l’acquisition… la création et la possession… et c’est cela même le système financier dans son identité la plus simple : la nécessité d’organiser les rapports entre la société et l’argent… Il existe donc une solidarité existentielle entre le principe même de l’argent, et la nécessité d’organiser autour de lui un système de réglementation, à savoir un système financier… Les systèmes financiers changent et évoluent au fil des siècles, mais le fait de leur existence est indissolublement lié à l’existence même de l’argent. Tant que la conscience collective fonctionnera sur le mode de l’échange et non sur le mode du don, l’argent sera nécessaire, et sera également nécessaire un effort constant pour organiser le rapport collectif à l’argent.

Maître Kessani (maître de pratique solaire).

https://www.facebook.com/MaitreKessani

Ce titre a soulevé initialement une réaction d'opposition mais ce regard très pragmatique sur l'existence de l'argent et sa raison première est très juste.  

Cela dit, selon tous les indicateurs, il est fort possible que le système financier existant connaisse une crise sans précédent à courte échéance.  Puisque la conscience collective ne semble pas encore prête à fonctionner sur un mode de don et non sur un mode d'échange, souhaitons que l'écroulement permettra une nouvelle structure un plus juste.   Toutefois, j'aimerais bien qu'on puisse utiliser cette opportunité (la destruction des systèmes politico-financiers) pour passer à autre chose...

Sans passer par une destruction de fond en comble du système financier, il est très possible, comme on en voit les prémisses avec la formation du bloc des BRICs, que le pôle d'influence financière bascule de l'occident à l'orient... comme il a été question du basculement des pôles terrestres...


Peut-être qu'à cette occasion il sera possible d'instaurer un système qui serait davantage le reflet de ce dont l'humanité a besoin pour s'épanouir, un système qui refléterait d'avantage la maturité de pensé d'une portion de l'humanité de plus en plus nombreuse... un système qui nivellerait un peu plus les inégalités sociales, qui serait davantage le reflet de la volonté profonde de justice et d'amour dans le coeur de chaque humain...

C'est le souhait profond que j'ai en moi...